Avant même l'expiration du premier mandat du Président Abdel Fattah al-Sissi, des députés égyptiens s'apprêtent à proposer un amendement de la Constitution, qui permettra de faire sauter le verrou de la limitation des mandats et de porter leur durée de quatre à six ans. Connu pour son soutien au coup d'Etat d'Abdel Fattah al-Sissi, qui avait renversé en juillet 2013 le président islamiste démocratiquement élu, Mohamed Morsi, le député Ismaïl Nassereddine a indiqué dans des déclarations à la presse et rapportées hier par le site d'informations "al-Bawaba.com", qu'il s'apprêtait à présenter avec d'autres de ses collègues un projet d'amendement de l'article 140 de la Constitution. Cet article, qui fixe la durée du mandat présidentiel à quatre années renouvelable une fois, semble constituer un obstacle pour pérenniser le règne du maréchal Abdel Fattah al-Sissi en Egypte. Avec d'autres députés, Ismaïl Nassereddine peaufine donc un projet de loi qui porterait de quatre à six ans la durée du mandat présidentiel et le rendrait illimité. Estimant que la Constitution n'est qu'une "œuvre humaine", pouvant contenir beaucoup d'erreurs, ce parlementaire affirme qu'il appartient au peuple de l'accepter ou de le rejeter à travers un référendum. Dans le même ordre d'idées, un autre député et néanmoins général à la retraite, Hamdi Bakhit, membre de la coalition "Daâm Misr" qui regroupe la majorité au Parlement, a apporté son soutien son équivoque à cette initiative. Pour appuyer ses dires, il a déclaré qu'"il n'est pas normal que la durée du mandat des députés soit de cinq années, alors que celle du mandat du Président n'est que de quatre années seulement". Il a fait remarquer que l'actuelle Constitution a été élaborée dans une conjoncture particulière que traversait le pays, en l'occurrence après la fin du règne des islamistes en 2014, nécessitant la limitation de la durée du mandat présidentiel à quatre années seulement. Selon lui, "le moment est opportun pour rectifier cette erreur". Ceci étant, le député pro-Sissi, Mustapha Bekri, a indiqué dans un tweet qu'il s'opposait à cette proposition. Il est allé jusqu'à affirmer : "Je ne pense pas que le Président Abdel Fattah al-Sissi l'accepte". Anticipant sur le résultat d'un référendum populaire Mustapha Bekri a écrit : "Le peuple égyptien qui a milité pour la limitation des mandats présidentiels accepte que la Constitution soit modifiée dans un sens contraire". De son côté, le parlementaire opposant, Mohamed Al-Othmani, a qualifié cette initiative d'"idiotie". il la considère comme "une trahison de la volonté du peuple égyptien qui a approuvé cette Constitution". "Il s'agit d'une tentative de ramener l'Egypte à la Constitution des années 1970, et de tailler une Constitution sur mesure pour al-Sissi, comme c'était le cas sous Moubarak", a-t-il conclu. Merzak Tigrine