Le paysage politique égyptien est dominé par des campagnes d'information intenses, animées par les parties qui soutiennent les deux candidats potentiels à la prochaine élection présidentielle : le ministre de la Défense, Abdelfatah Al Sissi, et le leader du courant populaire et dirigeant du Front du salut, Hamdine Sebahi. Pour les observateurs, les forces politiques en Egypte «ne sont toujours pas parvenues à un consensus» sur le prochain président. Al Sissi jouit d'une grande popularité pour «s'être rangé du côté du peuple» lors des manifestations du 30 juin dernier qui ont mis fin au pouvoir des Frères musulmans ; il pourrait, selon eux, s'il choisit de se présenter à cette élection, «battre n'importe quel candidat». L'idée de la candidature d'Al Sissi a été favorablement accueillie par de nombreuses forces politiques, dont les partis El Ouefd et Eddestour de Mohamed El Baradai. Des personnalités politiques égyptiennes tels Amr Moussa, Hamdine Sebahi et Ahmed Chafiq ont, pour leur part, annoncé abandonner la course en cas de candidature d'Al Sissi. Le parti salafiste Ennour ne voit pas non plus d'inconvénient à la candidature d'une personne de l'institution militaire à condition qu'elle n'appartienne pas à l'ancien régime. Pour le clan de soutien à la candidature d'Al Sissi, ce dernier est «charismatique» et est le seul capable de diriger le pays qui connaît une détérioration des conditions sécuritaires. Pour les opposants à cette candidature, à l'exemple du «courant politique», des «socialistes révolutionnaires» et du «Front du 30 juin», la présence d'une personnalités militaire à la tête du pouvoir est contraire à la démocratie et pourrait «mettre en péril l'Etat moderne» pour lequel la révolution a eu lieu. Les actes de violence, selon eux, «doivent être combattus par la démocratie et non par les confrontations sécuritaires». Amr Moussa et Hamdine Sebahi en rabatteurs Ce clan opposé à la candidature d'Al Sissi estime préférable pour Sissi de «s'éloigner de la bataille politique pour faire taire les allégations selon lesquelles la révolution du 30 juin était un coup d'Etat militaire». Abdelfatah Al Sissi avait déclaré qu'il ne «convoitait pas le pouvoir». Certaines personnes proches de lui ont également fait part de son refus de se présenter à la prochaine présidentielle. Cependant, le refus «n'est pas suffisant» au vu des campagnes de collecte de signatures en faveur de sa candidature entamées depuis des semaines, font remarquer les observateurs. Plusieurs mouvements soutenant la candidature d'Al Sissi ont annoncé le lancement de campagnes de collecte de 30 millions de signatures demandant à Al Sissi de se présenter à l'élection présidentielle. Un des mouvements a en outre annoncé l'organisation d'activités sur les places publiques égyptiennes pour «obliger» Al Sissi à accepter de se présenter avec mandat du peuple, même pour une durée déterminée. Deux hommes occupent pour le moment la scène politique égyptienne avec comme référent commun l'ancien président Gamal Abdel Nasser. Il s'agit d'Al Sissi que l'on dit «aussi charismatique que Abdel Nasser» et Hamdine Sebahi, un nassériste convaincu et fortement soutenu par le Front du salut comme candidat des forces civiles. Il n'en demeure pas moins que le régime politique qui sera retenu dans la Constitution (parlementaire ou présidentiel) sera déterminant dans le choix des candidats.