Cette rencontre bilatérale à Alger est la première du genre entre les deux chefs d'Etat. C'est aujourd'hui qu'aura lieu le sommet tant attendu entre le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le roi Marocain, Mohammed VI, apprend-on de sources informées. L'entretien entre les deux chefs d'Etat, qui aura lieu au siège de la présidence, consacrera le début de dégel des relations entre les deux pays et enclenchera une dynamique de coopération longtemps prisonnière des divergences politiques sur des dossiers sensibles. Il est attendu à ce que ce tête-à-tête débouche sur la convocation de la réunion de la commission mixte au niveau ministériel et celle des experts pour examiner les dossiers en suspens et préparer une rencontre au sommet pour parapher les protocoles d'accord. Cette rencontre entre les deux hommes va certainement donner un coup d'accélérateur au processus de construction du grand Maghreb, aspiration des peuples de la région et nécessité impérieuse dans un monde dominé par les grands ensembles. La redynamisation de ce regroupement va permettre aux cinq pays de l'UMA de faire face aux effets dévastateurs de la mondialisation et d'unir leurs efforts pour défendre une position et des intérêts communs. Même s'il n'est pas attendu de grandes annonces à l'issue de ce sommet, il reste que cette rencontre va permettre aux deux chefs d'état de s'entretenir pour la première fois d'une manière officielle. Annoncé à plusieurs reprises aussi bien par la presse des deux pays que par la presse étrangère, le tête-à-tête entre le président Bouteflika et le roi Mohammed VI ne s'est jamais tenu. Exception faite d'un échange épistolaire, pratique diplomatique, les deux responsables ne se sont jamais rencontrés et ce, depuis les funérailles du roi Hassan II en 1999. Et pourtant, ils se sont retrouvés en tant qu'invités ou participants dans plusieurs manifestations internationales dont la plus récente est la conférence de Madrid, il y a une dizaine de jours. les deux pays divergent sur la manière avec laquelle doit se dérouler l'assainissement des relations bilatérales. Alors que l'Algérie défend l'option de l'examen de toutes les questions en suspens par la commission mixte des experts puis des ministres pour arriver à des décisions à la lumière des conclusions soumises par le groupe de travail mixte, Rabat attend d'Alger l'annonce des mesures comme l'ouverture de la frontière terrestre et la suppression du visa avant d'entamer les discussions au niveau des commissions mixtes. À cela s'ajoute l'épineux dossier du Sahara occidental sur lequel des divergences persistent entre les deux capitales. Au moment où l'Algérie considère que le dossier est une affaire de décolonisation et que le problème doit être réglé selon la légalité internationale à travers le plan Baker et les résolutions des Nations unies, le Maroc estime que le Sahara occidental est un territoire du royaume et refuse de se soumettre aux résolutions des accords de Houston (USA). En dépit des déclarations claires maintes fois réitérées par Alger sur la question, Rabat a continué à accuser notre pays en tentant de faire croire à l'opinion internationale que l'Algérie est partie prenante dans le conflit. Ce que l'algérie réfute. Même si le dossier va certainement peser dans les discussions, il n'en reste pas moins que le plus important est de dépasser cette situation de “froid diplomatique” en laissant le règlement de cette question à l'instance onusienne, conformément à la légalité internationale. M. A. O.