Résumé : Karima demande à son mari de récupérer leur fille chez la voisine. Il s'exécute de mauvaise grâce, car c'est cette même femme qui l'avait surpris avec Henia. Il ramène sa fille et lui montre son cadeau. Feriel battit des mains, alors que son père retirait la peluche koala de l'emballage. - Qu'est-ce que c'est ? - Une belle peluche pour ma princesse. Elle prend le jouet et se met à le caresser. - Il te plaît ce bébé koala ? - Koukla. - Koala, corrige Farid. - Koukla, répète l'enfant. Il s'appelle Koukla. Farid sourit, amusé. - Appelle-le comme tu veux, ma chérie. On ne dit pas merci à papa ? L'enfant embrasse son père qui la soulève dans ses bras et la fait tournoyer. Feriel se met à rire. Farid est heureux de la voir si détendue. Il aimait sa fille et ne pouvait rien lui refuser, mais comme il s'absentait souvent, il ne la voyait que lorsqu'il rentrait assez tôt, comme aujourd'hui. Mais c'est parce que justement il était rentré tôt ce soir qu'une scène avait éclaté entre lui et son beau-père. Il redépose Feriel. À quelque chose malheur est bon finalement. S'il n'y avait pas eu justement cette scène, Karima ne lui aurait pas dévoilé sa petite fortune. Il se met à rire et s'agenouille devant Feriel pour lui caresser les cheveux. -Tu es belle, ma chérie, et quand tu ris, je vois tant d'étoiles dans tes yeux que j'ai l'impression de voguer sur le monde. Ne comprenant rien au langage compliqué de son père, Feriel serre sa peluche contre elle et demande qu'on lui ouvre la porte pour aller montrer son acquisition à ses grands-parents. Farid allume la télé et s'allonge sur le lit. Karima était en train de corriger des copies. Il se met à repenser à sa journée. Tout compte fait, le coup du portefeuille avait bien marché. Lamia n'y avait vu que du feu. Il lui serait facile plus tard de lui subtiliser quelques sommes assez conséquentes pour réaménager le studio et le transformer en garçonnière. Un réseau assez lucratif, si l'on juge de par les demandes qu'il recevait régulièrement pour les locations passagères ! Et puis il y a aussi les bijoux et les économies de Karima. Il réprime un éclat de rire. La vie commence à lui sourire, et il ne va pas rater l'occasion de la croquer à pleines dents ! - Tu dors Farid ? Son épouse le tire de ses méditations. Il la contemple. Karima a gardé cet air innocent qui l'avait attiré la première fois où ils s'étaient rencontrés. L'a-t-il réellement aimée ? Peut-être un premier coup de foudre passager. Karima enseignait à cette époque dans une école primaire. Lorsqu'il lui avait dévoilé ses intentions, en précisant qu'il était au chômage, mais que pour elle il allait remuer ciel et terre pour dénicher un boulot, elle but ses paroles et crut réellement en lui. Combien de fois lui avait-elle glissé un billet de banque dans la poche ? Un jour, elle lui avait appris qu'un enseignant s'intéressait à elle, et que ses parents la harcelaient pour donner sa réponse dans les prochains jours. Il avait alors joué à l'amoureux transi, et lui avait assuré que si elle le quittait il se suiciderait. Elle était horrifiée à cette idée et s'était empressée de remettre les pendules à l'heure, comme elle le lui avait précisé. Alors qu'il se présentait pour demander sa main, il s'était tout de suite heurté à l'animosité de sa belle-famille, qui reprochait à sa fille de délaisser un enseignant pour épouser un chômeur. Mais l'amour est aveugle. Un élan de tendresse les avait unis, et ils s'étaient mariés un jour d'été, sans tambour ni trompette. Tout au début de leur union, il lui avait proposé de vivre dans son studio. Mais vu l'état de vétusté de ce dernier, Karima avait vite fait de regagner la maison parentale. Entre-temps, Feriel était née. - Farid ! Il sursaute et se redresse. -Heu. Oui. Qu'est-ce qu'il y a Karima ? C'est encore tes parents qui... (À suivre) Y. H.