Les deux pays sont ouvertement accusés de soutien à la mouvance des Frères musulmans que l'Egypte, les Emirats et l'Arabie Saoudite tentent d'évincer du jeu politique en Libye. Deux importants sites pétroliers, dans ce qui est communément appelé "le Croissant pétrolier" sont depuis vendredi soir au cœur d'une véritable bataille opposant les troupes libyennes liées à Khalifa Haftar aux Brigades de défense de Benghazi(BDB), un regroupement de milices islamistes liées (en partie) à Al-Qaïda, ont rapporté les médias locaux. Les BDB auraient même réussi à prendre le contrôle de l'un des sites, selon plusieurs sources, alors que le colonel Ahmed al-Mismari, porte-parole des troupes liées au controversé maréchal Haftar a affirmé hier que ses éléments ont repoussé cette attaque, accusant ouvertement le Qatar et la Turquie d'être derrière. Les deux pays sont ouvertement accusés de soutien à la mouvance des Frères musulmans que l'Egypte, les Emirats et l'Arabie Saoudite tentent d'évincer du jeu politique en Libye. Ankara a beaucoup investi en Libye, avant la chute de Mouammar Kadhafi et a continué de le faire alors que le pays sombrait dans le chaos, s'appuyant sur des personnalités politico-militaires comme Abdelhakim Belhadj qui a obtenu, il y a moins d'un an, des papiers turcs, en compagnie d'autres Libyens de son entourage. "Elles (les BDB, ndlr) sont arrivées jusqu'à l'aéroport principal de Ras Lanouf", a ainsi affirmé un des hommes de confiance de M. Haftar, ajoutant que "les assaillants des Brigades de Défense de Benghazi étaient équipés de tanks modernes et d'un radar pour neutraliser notre armée de l'air", a-t-il ajouté. "Nous avons perdu deux martyrs (...) parmi nos combattants". Mais "la bataille continue et la situation dans la zone du Croissant pétrolier demeure sous (notre) contrôle", a affirmé le porte-parole, ajoutant qu'une grande partie des assaillants sont des membres de milices venues du Soudan et du Tchad, via le sud-est de la Libye, une vaste région hors de contrôle des autorités libyennes. Après l'échec de quatre précédentes tentatives, "elles sont revenues avec une force plus importante", a reconnu le colonel Mismari. "Nous avons choisi de déplacer tous les avions en lieu sûr", a-t-il ajouté. Accusé d'être derrière cette nouvelle attaque, le gouvernement d'Union nationale dirigé par Fayez al-Serraj, sous parrainage onusien, a apporté un démenti formel. Le GNA a affirmé dans un communiqué "n'avoir aucun lien avec l'escalade militaire dans la région du Croissant pétrolier". Il a souligné aussi "n'avoir donné aucune directive ni ordre à une quelconque formation de se diriger vers cette zone", condamnant "avec force toute action qui sape les espoirs des Libyens". Le GNA a toutefois prévenu "qu'il ne resterait pas les bras croisés si les affrontements se poursuivaient dans cette zone ou ailleurs en Libye". Pour rappel, plusieurs initiatives ont été lancées pour tenter de rapprocher le GNA et le maréchal Haftar mais sans succès apparent jusqu'à présent. La Libye est déchirée par des rivalités entre ses milices mais aussi entre ses dizaines de tribus, composantes essentielles de la société. Lyès Menacer