Dans une directive envoyée à toutes les structures syndicales de base, Sidi-Saïd, secrétaire général de l'UGTA, a demandé aux unions de wilaya de se redéployer dans le secteur privé pour la création de sections syndicales UGTA. Cette annonce, qui intervient à un moment où des centaines d'entreprises du secteur public doivent amorcer les problèmes de privatisation, vise, vraisemblablement, à maintenir les structures syndicales dans ces entreprises et dissiper les craintes des travailleurs quant à une éventuelle compression d'effectifs. L'UGTA, qui puise sa force de représentativité dans le secteur public économique, veut prendre ses devants pour éviter une dépréciation de ses adhérents et tenter d'assurer une protection des travailleurs du secteur privé. Sidi-Saïd n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour souligner que les PME nouvellement créées ou issues d'entreprises privatisées se considèrent exonérées de l'application de la loi et pratiquent, ainsi, une forme de dumping social sans autre considération que le profit immédiat attendu du travail de leurs salariés. Le document lance un avertissement aux employeurs qui font obstacle à l'exercice du droit syndical. “Ils s'exposent aux sanctions pénales prévues par les articles 58 et 59 de la loi 90/14 du 2 juin 1990”, précise la directive. Sidi-Saïd invite les instances syndicales à veiller à ce que les entraves au libre exercice du droit syndical, qui pourraient être constatées, reçoivent toutes les suites légales prévues par la législation en vigueur, y compris l'engagement à l'initiative des unions de wilaya de poursuites pénales à l'encontre des employeurs qui voudraient empêcher les travailleurs d'exercer leur droit constitutionnel. Mais les sanctions pénales sont souvent des amendes qui ne fléchissent nullement les employeurs qui ont recours à l'utilisation abusive et illégale du contrat de travail à durée déterminée (CDD) pour tuer dans l'œuf toute tentative visant à développer un syndicat au sein de l'entreprise. Selon un inspecteur du travail, cette directive encourage, certes, les instances de l'UGTA à investir le secteur privé, mais son application risque de connaître des difficultés sur le terrain si on n'attaque pas le mal à la source par la permanisation des postes de travail conformément à l'article 12 de la loi 90/11. Cependant, cette disposition est totalement ignorée aussi bien par les entreprises publiques que privées. M. T.