Selon des responsables locaux, des tapis tissés en Algérie sont estampillés comme produits tunisiens ou marocains, puis vendus en Europe. La 41e édition de la fête du tapis a été lancée, hier matin, en présence du wali de Ghardaïa et de quelques représentants des chancelleries étrangères. Le ministre du Tourisme, Mohamed Seghir Kara, et son collègue de la PME-PMI, Mohamed Benbada, qui devaient officier l'inauguration de la manifestation ont été rappelés en urgence à Alger pour assister au discours du président libyen Mouamar Kadhafi à l'Assemblée populaire nationale. Malgré ces défections impromptues, les organisateurs, dont l'Office national du tourisme qui a convié la presse à un éductour dans la région, ont tenté de donner à cette fête annuelle une dimension qui transcenderait les frontières de la ville du M'zab. L'occasion s'avère à chaque fois très bonne pour faire la promotion de l'artisanat phare de la localité : le tapis plat. Le directeur du tourisme de la wilaya, M. Rabah Abdelouahab, a indiqué que le Salon du tapis a reçu, l'année dernière, quelque 15 000 visiteurs, le décompte des billets vendus faisant foi. “Nous en attendons davantage pour cette année. La tenue de cette fête intervient durant la première semaine des vacances scolaires de printemps. Cela permet à beaucoup de familles de venir profiter des sites et des stations thermales, dont la plus connue est celle de Zelfana”, a ajouté notre interlocuteur. Les festivités, organisées durant une semaine (du 26 mars au 1er avril), tirent la ville de sa torpeur coutumière, à la grande satisfaction des touristes nationaux et internationaux. Le défilé des chars, parés de tapis, a attiré, hier matin durant deux heures, une foule nombreuse. Treize communes de la wilaya, auxquelles se sont associées la Direction locale de la jeunesse et des sports et le centre de la formation professionnelle, ont redoublé d'effort pour offrir au regard le plus original char ou le plus beau tapis, avec la perspective de décrocher l'un des prix mis en jeu par les autorités locales (meilleure décoration de char, meilleur tapis plat, meilleur tapis de haute laine). Le Salon de l'artisanat a ouvert ses portes au milieu de l'après-midi. 122 artisans, venus de 35 wilayas, exposent leurs articles (tapis, maroquinerie, habits traditionnels, dinanderie, poterie…). Au-delà de ses atypiques sites touristiques, dont l'un d'eux —le Pentapole formant la vallée du M'zab — est classé par l'Unesco patrimoine universel, Ghardaïa souhaite pouvoir engranger, à long terme, de grandes ressources de l'activité artisanale. Elle compte jusqu'alors plus de 1 500 artisans inscrits au registre de l'artisanat et des métiers et environ 12 000 tisserands travaillant à domicile (majoritairement des femmes au foyer). Le ministère du Tourisme offre, depuis l'année dernière, une aide de 100 000 dinars, destinée à l'acquisition de la matière première, aux femmes qui maîtrisent l'usage du métier à tisser. L'idée étant d'extraire progressivement cette activité de la clandestinité. À en croire le directeur de la Chambre locale de l'artisanat et des métiers, M. Azzedine Lamari, quarante femmes ont reçu ce montant en 2004. Durant le premier trimestre de l'année en cours, 55 autres dossiers ont été avalisés. “Notre objectif est de relancer l'exportation des tapis vers l'Europe. Il y a quelques années, nous exportions annuellement 40 000 m2 de tapis rien que vers l'Allemagne”, a-t-il souligné. Il a signalé par là même que l'Algérie devrait mettre au point un système d'estampillage de ses tapis efficace afin de juguler le trafic auquel s'adonnent des Tunisiens et des Marocains. “Ils estampillent aux labels de leurs pays des tapis tissés en Algérie avant de les vendre en Europe. Il faut arrêter ça”, a averti M. Lamari. Un séminaire sur l'estampillage de la qualité du tapis algérien, auquel participera une trentaine d'experts en la matière, est justement programmé pour la journée d'aujourd'hui. S. H.