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"Tamazight avance plus rapidement au Maroc qu'en Algérie"
Les militants Ramdane Achab et Lahoucine Bouyaakoubi au café littéraire de Béjaïa
Publié dans Liberté le 13 - 03 - 2017

Ces deux militants marocain et algérien, spécialistes de la langue amazighe, ont animé une conférence sur "la situation de la langue amazighe au Maroc et en Algérie".
Pour le Marocain Lahoucine Bouyaakoubi (doctorant à l'Ecole des hautes études en sciences sociales - EHESS - de Paris et enseignant de tachelhit à l'Inalco), "il est difficile d'aborder la situation de tamazight au Maroc en si peu de temps, qui m'est imparti, mais je vais vous donner l'essentiel", déclarera-t-il de prime abord. "Il n'y a pas de statistiques officielles sur le nombre de locuteurs de la langue amazighe au Maroc. Néanmoins, on dénombre trois variantes de tamazight : il s'agit de tarifit dans le Nord, de tachelhit au Haut-Atlas et de tamazight au centre du Maroc", précise l'intervenant, avant de s'étaler sur l'historiographie de la question, qui remonte principalement à 1840. Il s'agit en l'occurrence d'études et d'explorations, soulignera-t-il, menées soit par des militaires, des écrivains et autres français.
En outre, l'orateur signalera que le premier mouvement revendicatif pour la reconnaissance de tamazight au Maroc est né en 1967, sous le règne de Hassan II, qui, face au mouvement revendicatif amazigh, a toléré que le domaine de la recherche sur tamazight soit exploité, et ce, en raison de l'élargissement du mouvement et de l'internationalisation de la question dans des forums internationaux "pour la redéfinition de l'identité nationale marocaine et la reconnaissance officielle de la langue".
Une grande répression s'est abattue sur les militants de tamazight. À titre d'exemple, M. Bouyaakoubi citera les arrestations massives de militants amazighs de l'association Telleli lors de la marche du 1er mai 1994 à Igwelmimen (Goulmima, une province d'Errachidia), car les manifestants avaient brandi une banderole sur laquelle était transcrit le mot d'ordre : "Pour la reconnaissance officielle de la langue et l'identité amazighes."
Mais, n'empêche, soutiendra l'orateur, la revendication ne cesse de progresser. Il faut attendre l'accession au trône de son fils Mohammed VI en 1999 pour qu'une nouvelle politique soit engagée sur la question par le nouveau roi. "Tamazight est reconnue langue nationale et officielle dans la révision constitutionnelle de 2011 dans le sillage du printemps arabe", signalera-t-il, avant de préciser qu'il préfère parler du "printemps démocratique que du printemps arabe".
Le nouveau roi sera confronté à deux dossiers chauds, signalera le conférencier : celui du mouvement amazigh, incarné par Mohamed Chafik, qui était le professeur du roi, et du mouvement des islamistes représenté par Aslan Yacine. Mais aussi aux questions des droits de l'homme, des anciens détenus, du développement humain, des droits de la femme. En 2000, déclarera M. Bouyaakoubi, le mouvement berbère marocain a présenté un manifeste berbère au roi. Et l'année suivante, le roi a créé l'Ircam (Institut royal de la culture amazighe).
Un institut présidé par Mohamed Chafik et composé de membres spécialistes de la langue amazighe, qui dispose d'une autonomie financière et administrative. L'Ircam a pu régler la question de la graphie en optant pour le tifinagh. "La question de la transcription de tamazight est éminemment politique. Comme les islamistes s'opposent farouchement à sa transcription en caractère tifinagh."
En conclusion, ce militant et spécialiste de la question amazighe a reconnu que tamazight avance depuis doucement mais sûrement par rapport à sa situation en Algérie. "Nous devons son avancée à notre combat mais aussi aux sacrifices humains que vous avez payés pour la cause. Toutefois, des écueils demeurent encore tels que la promulgation des lois organiques et la création du conseil des langues et cultures marocaines", a-t-il conclu.
Pour sa part, le linguiste algérien Ramdane Achab soulignera avec force qu'il est important que tamazight bénéficie d'un statut social et d'un statut juridique du fait qu'elle est reconnue, aussi, comme langue nationale et officielle lors de la révision constitutionnelle de 2016. Néanmoins, avertira l'orateur, cela ne suffit pas. "Le poids de la langue dépend de la puissance de sa nation. C'est-à-dire une force financière et militaire que l'Etat mettra à sa disposition. C'est une question qui relève de la volonté politique de l'Etat", dira-t-il dès le début de son intervention.
Sur la volonté politique du pouvoir algérien par rapport à tamazight, le conférencier est catégorique. "Non, il n'y a aucune volonté politique de sa part. Son officialisation et la création éventuelle de l'Académie berbère ce sont des cadeaux empoisonnés pour nous diviser", affirmera M. Achab. Et d'ajouter : "Chaque décision prise au sommet sur la question nous divise. Il faut prendre conscience", d'où son appel à l'Etat pour engager des mesures politiques très fortes pour sa protection. Et sur la situation de la langue amazighe en Algérie, M. Achab note avec regret qu'elle est en recul dans les régions berbérophone. Un recul induit, selon le conférencier, par la déstructuration sociétale berbère et l'influence exercée par la langue arabe et la langue française. Une déstructuration sociétale commencée durant le colonialisme français.
En un mot, M. Achab tire la sonnette d'alarme sur la situation de tamazight, car elle est dans une orbite de disparition. Est-ce la faute des Kabyles ? Non, rétorquera le conférencier. "Son recul est dû au fait qu'elle soit une langue dominée." Il a par ailleurs "reconnu" que la situation de tamazight au Maroc est en nette avancée.
L. OUBIRA


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