L'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information d'Alger a abrité, hier, une conférence autour du journalisme à l'ère du web social. Elle a été animée par Ugo Tramballi, correspondant italien et éditorialiste, spécialiste des questions internationales, au quotidien italien Il Sole 24 Ore. Il est également membre de l'Institut des affaires internationales de Rome et du Centre pour la paix au Moyen-Orient-Milan. Au cours de la conférence, le journaliste a relevé les différentes bases du journalisme, qui ne devraient pas être confondues avec le "journalisme citoyen". "Des millions de lecteurs croient que Julian Assange (porte-parole de WikiLeaks, ndlr) est un journaliste, alors qu'il ne l'est pas. Il a une motivation personnelle, sociale ou politique." En revanche, le journaliste a pour seule motivation "la transmission de l'information". Le conférencier italien a mis en garde, par la même occasion, contre les dangers des news relayées sur les réseaux sociaux, les sites électroniques ou même les blogs, qui, pour la plupart, sont "manipulables". Ugo Tramballi a évoqué la question de la liberté d'expression sur Internet : "On ne peut pas nier que le web ou les médias sociaux sont une manifestation de démocratie." Le journaliste émérite a également rappelé le rôle que devrait jouer le journaliste. "Sauver le monde n'est pas notre travail, nous, nous allons seulement le raconter", a-t-il rappelé, tout en appelant le ministre de la Communication, qui était d'ailleurs présent, à "laisser les journalistes faire leur travail, parce que le bon journalisme est essentiel pour créer une bonne communauté qui connaît ses droits et ses devoirs". Pour analyser le contraste existant entre les journalistes des XXe et XXIe siècles, il a indiqué que "le journaliste n'a plus de relation directe avec les sources, à cause du web". Un constat fait en se référant aux outils même de la récolte de l'information. "Je ne suis pas celui qui va chercher la nouvelle, qui la trouve, qui la juge comme nouvelle, qui la vérifie si c'est vraiment une nouvelle, car il y a déjà tout sur le web", s'est-il désolé. Et de renchérir : "Le web n'a pas tué seulement notre temps, mais aussi un élément fondamental de notre profession, qui est la vérification des sources pour être crédible." Répondant à la question quant à la crise que connaît le journalisme mondial, Ugo Tramballi a affirmé : "C'est le web qui a déclenché la crise du journalisme." Selon lui, même les autres professions rencontrent des difficultés à cause des nouvelles technologies : "En Italie, il n'existe plus d'agences de voyages, par exemple. Moi, la grande partie du temps, j'achète mon billet d'avion sur Internet." Néanmoins, le journalisme actuel ne pourrait se séparer du web, car il représente "le futur, il faut s'adapter, il faut améliorer la qualité du web", a-t-il conclu. Imène AMOKRANE