Le monopole, la spéculation, la propagation du marché parallèle, l'absence de contrôle et de répression sont autant de facteurs qui sont à l'origine de la pénurie et de la hausse des prix. Les réseaux spécialisés dans le monopole et la spéculation sur les produits agricoles seraient responsables de la pénurie et la flambée des prix des fruits et légumes sur le marché. Du moins, c'est de quoi atteste le président de la Fédération nationale des marchés de gros de fruits et légumes, Mustapha Achour. Ce dernier a, en effet, affirmé, jeudi, que "60 à 70% de la production agricole n'est pas acheminée dans les marchés de gros, ce qui entraîne un manque d'approvisionnement et une hausse des prix des produits". Accusant certains agriculteurs de complicité avec ces filières qui interviennent dans le circuit de distribution, notamment certains propriétaires de chambres froides, M. Achour a refusé d'imputer "la responsabilité de la hausse vertigineuse des prix de certains produits agricoles aux commerçants des marchés de gros", précisant que "la spéculation a pris de l'ampleur au niveau des zones de production". En effet, lors d'une réunion tripartite qui a regroupé des représentants des commerçants des marchés de gros de fruits et légumes de toutes les wilayas du pays, en présence de représentants du ministère de l'Agriculture, ce responsable a indiqué que "la production agricole est abondante, mais le monopole des spéculateurs sur le produit au niveau des zones de production, notamment les produits de large consommation, la propagation du marché parallèle, l'absence de contrôle et de répression sont autant de facteurs qui sont à l'origine de la pénurie dans les marchés de gros et de la hausse des prix". Et d'ajouter : "Nous avons découvert un maillon manquant entre la récolte et la commercialisation, étape où interviennent les spéculateurs et les intermédiaires de la vente, les produits étant directement orientés vers le marché informel." Aux yeux de M. Achour, "les commerçants de gros sont innocents de toutes les accusations colportées sur leur compte. Ces commerçants sont en règle, payent leurs impôts et leurs cotisations à la Casnos". Après quoi, plusieurs intervenants, notamment les représentants des wilayas chargés des marchés de gros de fruits et légumes, ont plaidé pour l'instauration d'un cahier des charges national pour réorganiser les marchés de gros, définir avec précision la relation entre les producteurs (agriculteurs) et les commerçants en gros et ouvrir des guichets bancaires au niveau de ces marchés. À ce propos, ils ont appelé également le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales à ouvrir des marchés de proximité, fermés depuis des années, afin de lutter contre le commerce illégal en l'intégrant dans le tissu commercial organisé, et à sanctionner sévèrement les spéculateurs. M. Achour interpellera, à son tour, le ministère du Commerce "pour élaborer un code rigoureux qui oblige les producteurs locaux et les importateurs à introduire leurs produits dans les marchés de gros et imposer des sanctions sévères contre toute violation de l'itinéraire du produit". Par ailleurs, il a sévèrement critiqué les offices publics récemment créés dans le but de réguler les marchés de fruits et légumes, affirmant que "ces derniers assistent passivement à cette anarchie qui a gagné les marchés de gros et de détail". Présente à la rencontre, la représentante du ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Zahia Bellal, a promis à l'assistance "de soumettre toutes les préoccupations des commerçants des marchés de gros de fruits et légumes aux responsables de la tutelle". Pour rappel, près de 100 000 tonnes de pommes de terre, illégalement stockées dans des chambres froides, ont été découvertes, il y a quelques jours, dans les wilayas de Boumerdès et d'Aïn Defla par les services de la Gendarmerie nationale. FARID BELGACEM