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60 à 70% de la production nationale ne va pas aux marchés de gros: L'itinéraire obscur des fruits et Légumes
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 18 - 03 - 2017

Entre 60% à 70% de la production agricole nationale n'entrent pas dans les marchés de gros des marchés des fruits et légumes. C'est ce qu'a révélé jeudi dans une réunion à Alger le président de la Fédération nationale des marchés de gros de fruits et légumes, Mustapha Achour. Cette situation a entraîné «un manque d'approvisionnement et une hausse des prix des produits agricoles».
A la réunion qui a regroupé des représentants des commerçants des marchés de gros de fruits et légumes de toutes les wilayas du pays avec les représentants du ministère de l'Agriculture, Mustapha Achour a expliqué que la responsabilité de la hausse des prix de certains produits agricoles ne peut-être imputée aux commerçants des marchés de gros. En fait, la spéculation a pris de l'ampleur dans les zones de production, a-t-il indiqué avant d'accuser certains agriculteurs de complicité avec les réseaux spécialisés dans le monopole et la spéculation sur les produits agricoles. Bien plus, M. Achour impute la raréfaction des produits agricoles de ces dernières semaines, en particulier les fruits, à la rétention des produits pratiquée par les spéculateurs dans les zones de production, notamment les produits de base à large consommation, ainsi que la propagation du marché parallèle, l'absence de contrôle et de répression. Même si «la production est abondante», il s'agit là de facteurs explicatifs de la pénurie dans les marchés de gros et de la hausse des prix. Le président de la Fédération nationale des commerçants des marchés de gros a estimé, par ailleurs, que les pouvoirs publics doivent intervenir pour assainir la situation, en particulier dans les marchés de gros, à travers un dispositif de contrôle pour définir avec précision l'itinéraire du produit agricole. Il a ainsi déclaré que la production agricole n'entre plus dans les marchés de gros. «Nous avons découvert un maillon manquant entre la récolte et la commercialisation, étape à laquelle interviennent les spéculateurs et les intermédiaires, les produits étant directement orientés vers le marché parallèle», a-t-il ajouté. Pour lui, il est impérieux que le ministère du Commerce intervienne immédiatement et «élabore un code rigoureux qui oblige les producteurs locaux et les importateurs à introduire leurs produits sur les marchés de gros», et dans le cas de fraude à cette ligne de conduite, il préconise «des sanctions sévères contre toute violation de l'itinéraire du produit». Les commerçants de gros «sont innocents de toutes les accusations colportées sur leur compte», a-t-il affirmé. «Ces commerçants sont en règle, payent leurs impôts et leurs cotisations à la CASNOS». Les offices publics de régulation des marchés de fruits et légumes, créés récemment, sont également responsables, aux yeux de M. Achour, de la pénurie des produits agricoles et de la hausse des prix. «Ces derniers assistent passivement à cette anarchie qui a gagné les marchés de gros et de détail», accuse-t-il. Pour les représentants des wilayas pour les marchés de gros de fruits et légumes, il faut mettre en place un cahier des charges national pour réorganiser les marchés de gros, définir avec précision la relation entre les producteurs (agriculteurs) et les grossistes et ouvrir des guichets bancaires dans ces marchés». Comme ils ont appelé le ministère de l'Intérieur à ouvrir les marchés de proximité fermés depuis des années, à lutter contre le commerce illégal en l'intégrant dans le tissu commercial organisé et à sanctionner sévèrement les spéculateurs. «A l'approche du mois de ramadhan, la production sera abondante à condition de changer les comportements en matière de consommation», estime le président de la Fédération nationale des commerçants de gros des fruits et légumes. Car les observations de M. Achour sont déjà palpables sur les différents marchés de fruits et légumes dans la région centre du pays: absence presque totale des fruits, hormis l'orange et la pomme locale de très mauvaise qualité, cédées pour la première de 100 DA jusqu'à 250 DA/kg et la seconde à partir de 180 DA/kg jusqu'à 250 DA/kg. La pomme importée, tout comme la banane, sont hors de prix, à partir de 700 DA/kg. Pour les produits agricoles frais, en plus de leur rareté, car entrant par petites quantités sur les marchés de détail, les prix restent à la hausse, dont la pomme de terre à partir de 70DA/kg, la tomate (à partir de 120 DA/kg), les petits pois (120 DA/kg). Au mois de janvier dernier, l'inflation avait atteint la barre des 8,1%, en hausse de plus de deux points par rapport à décembre 2016 où le coût de la vie s'était établi à 6,2%.

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