Le maréchal Khalifa Haftar pourrait être accusé de "crimes de guerre" à Benghazi, dans l'est de la Libye où ses troupes au sein de l'Armée nationale libyenne "peuvent avoir commis des crimes de guerre, y compris des meurtres, des passages à tabac de civils, des exécutions publiques et exposé les corps des combattants de l'opposition durant la journée du 18 mars et celles qui ont suivi", a affirmé hier l'ONG Human Right Watch (HRW) dans un rapport, dont un extrait avait été publié sur son site. HRW affirme aussi que "les forces de l'armée ont arrêté des civils qui tentaient de fuir un quartier assiégé (de Benghazi), et certains d'entre eux étaient accompagnés par des combattants de l'opposition", soulignant que "le sort de certains civils et l'endroit où ils se trouvent demeurent non identifiés". Ce pourquoi, les responsables de HRW ont appelé le maréchal à ouvrir "immédiatement une enquête complète et transparente" sur les crimes qui auraient été commis par ses propres troupes, dont des images avaient circulé ces derniers jours sur la toile, suscitant une grande indignation aussi bien en Libye qu'ailleurs. "Le commandement de l'Armée nationale libyenne doit réagir en toute urgence à ces allégations effrayantes, dont ses éléments sont soupçonnés, y compris par les hauts dirigeants militaires qui doivent assumer la responsabilité personnelle" de leurs actes, a affirmé Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch. L'ONG affirme, par ailleurs, avoir collecté des témoignages chez les habitants du quartier de Kenfouda, où les civils se sont subitement retrouvés assiégés par les troupes de l'opération Al-Karama (la dignité) du controversé maréchal, qui compte également dans ses rangs des milices salafistes radicales en lien avec le prédicateur saoudien Rabie al-Madkhali. Ce dernier avait appelé, durant le mois de Ramadhan de l'été 2016, ses partisans en Libye à livrer une guerre sans merci aux militants de la branche libyenne de la confrérie des Frères musulmans qu'il accuse d'être des ennemis de l'Islam. L'ONG britannique affirme avoir reçu des vidéos des proches des familles des victimes de ces exécutions publiques, ajoutant avoir adressé une lettre à Khalifa Haftar exigeant de lui que toute la lumière soit faite sur ces crimes abominables, dont ses soldats se sont rendus coupables. La publication de ce rapport intervient dans un contexte marqué par le lancement, par le maréchal Haftar, d'une nouvelle opération militaire pour la reconquête du sud de la Libye. Appelée "Sables mouvants", cette opération bénéficie du soutien de nombreuses tribus de l'Est et du Sud libyens. les troupes engagées dans cette opération ont déjà repris le contrôle de plusieurs localités et coupés l'accès à plusieurs zones toujours occupées par des milices opposées au maréchal, selon les médias libyens. Lyès Menacer