L'Organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), a dénoncé les attaques systématiques contre les journalistes libyens, assurant que divers groupes armés en Libye ont violemment attaqué, enlevé, intimidé, menacé et tué des journalistes en toute impunité au cours des deux dernières années, provoquant leur fuite vers de nombreux pays ou les contraignant à l'autocensure. Dans un rapport publié mardi, HRW a révélé que parallèlement à cette répression, les journalistes sont poursuivis par les tribunaux et d'autres personnes pour avoir diffamé des fonctionnaires ou commis d'autres infractions qui violent la liberté d'expression. L'Organisation basée à Washington a déploré que 'l'échec des gouvernements successifs et les autorités provisoires à protéger les journalistes, a effacé une grande partie de la liberté limitée des médias qui existait après le soulèvement qui a renversé en 2011 l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi'. Le rapport de 54 pages intitulé, 'La guerre contre les médias: les journalistes sous attaque en Libye' indique que les autorités n'ont demandé des comptes à personne pour les attaques contre les journalistes et les médias depuis 2012, dont la plupart ont été commis par des acteurs non étatiques. Le rapport révèle que 'la situation n'a fait qu'empirer pour les journalistes lors des conflits armés qui ont éclaté et sont devenus endémiques en mai 2014, accélérant l'exode des journalistes de Libye craignant pour leur sécurité'. 'Le climat d'impunité a permis aux milices de donner l'assaut, de menacer, d'enlever, ou même de tuer les journalistes en raison de leurs rapports ou vues', a déclaré Joe Stork, directeur adjoint Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch cité par le rapport. Sur la base d'entrevues menées en Libye et à distance, Human Rights Watch a documenté de la mi-2012 jusqu'à novembre 2014, au moins 91 cas de menaces et d'agressions contre des journalistes, 14 d'entre eux des femmes, signale le rapport qui précise que 'ces cas comprennent 30 enlèvements ou des détentions arbitraires de courte durée et huit meurtres, bien que dans certains cas, les journalistes peuvent avoir été accidentellement tués alors qu'ils couvraient des incidents violents'. HRW a aussi documenté 26 attaques armées contre les bureaux de stations de télévision et de radio, expliquant que dans la plupart des cas, les preuves suggèrent que les groupes armés ont cherché à punir les journalistes et les médias pour leurs reportages, leurs opinions ou leurs sympathies. L'Organisation de défense des droits de l'Homme a expliqué cette impunité par l'incapacité 'des autorités intérimaires consécutives et les gouvernements élus à freiner les milices abusives qui ont proliféré depuis la fin de l'insurrection de 2011, leur permettant de fonctionner en toute impunité', affirmant que' l'échec à protéger les journalistes, les professionnels des médias, et des écrivains, a été encore aggravé avec le déclenchement des conflits armés dans l'est de la Libye en mai 2014, qui s'est étendu à l'ouest en juillet'. L'état de bicéphalisme dans lequel s'est retrouvé l'Etat libyen avec deux gouvernements réclamant la légitimité, un reconnu internationalement et basé à Beidha (Est) et l'autre, un gouvernement autoproclamé contrôlant Tripoli et des parties de l'ouest de la Libye. Les journalistes étaient parmi les 250 personnes tuées dans des opérations d'assassinat politique en Libye en 2014, a ajouté Human Rights Watch.