L'Algérie "transgresse" le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Convention n°87 de l'Organisation internationale du travail, selon la CSI. La Confédération syndicale internationale (CSI) a réagi à la violente répression policière qui s'est abattue, mardi, sur les membres du Syndicat national autonome des travailleurs d'électricité et gaz (Snateg), lors de protestation, avant-hier, à Tizi Ouzou. Ainsi, cette Confédération a adressé une correspondance au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans laquelle elle condamne "l'enlèvement et l'arrestation" de Raouf Mellal, président du Snateg, et de huit autres syndicalistes. "L'enlèvement et l'arrestation du directeur du Snateg et des délégués syndicaux et des travailleurs pour empêcher une marche nationale pacifique des travailleurs du groupe Sonelgaz est une flagrante violation du droit à la liberté d'association et de réunion pacifique", dénonce le SG du CSI, Sharan Burrow. En outre, cette Confédération syndicale, qui revendique 181 millions de travailleurs dans des centres nationaux de syndicats dans 163 pays, s'insurge contre le "harcèlement" des syndicats autonomes avec, notamment, des "licenciement arbitraires et menaces de représailles", relève la CSI. Cette dernière indique également que l'Algérie "transgresse" le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Convention n°87 de l'Organisation internationale du travail (OIT), portant sur la liberté d'association et sur la protection du droit de s'organiser. Un pacte qui a été paraphé par l'Algérie, rappelle cette Confédération. Dans le même sillage, ce conglomérat de syndicats internationaux, et afin d'étayer ses accusations contre l'Algérie en matière de répression des libertés syndicales, mentionne le récent rapport de l'OIT. En effet, l'OIT avait, le 19 février dernier, épinglé le pouvoir algérien pour "violation des conventions des libertés syndicales et arrestation de syndicalistes". Les rapporteurs de cette organisation avaient souligné que la situation du Syndicat des enseignants du supérieur (Sess), du Syndicat national autonome des postiers (Snap) et de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (Cgata) est marquée par des "entraves et harcèlements" de la part des autorités publiques. Il y a lieu de noter que le rapport partiel de 2017 de l'OIT s'inspire largement des observations de la Confédération syndicale internationale (CSI), reçues le 1er septembre 2016, sur la persistance de violations de la convention dans la pratique, en particulier l'arrestation, en février 2016, de syndicalistes à la Maison des syndicats et des actes de violence de la police à l'encontre des actions de protestation dans le secteur public de l'éducation. Enfin, la commission de l'OIT avait noté des "difficultés" pour les syndicats indépendants d'être enregistrés et de développer leurs activités, ainsi que des cas de violence policière lors de manifestations pacifiques. L'Algérie, il faut bien le dire, est devenue coutumière des remarques et autres avertissements émanant des organisations internationales et organismes de défense des droits des travailleurs. L'organisation non gouvernementale Human Rights Watch avait également tiré la sonnette d'alarme dans son rapport 2016 portant sur les droits des travailleurs en Algérie, affirmant que ces droits sont "bafoués" par le gouvernement. "Le gouvernement sanctionne les manifestants et les grévistes pacifiques, via notamment des suspensions ou des licenciements dans les services publics en guise de représailles, ainsi qu'à travers l'arrestation et la poursuite en justice de militants syndicaux pour des motifs politiques", avait dénoncé cette ONG. RAMDANE B.