Dans une correspondance, dont El Watan détient une copie, Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), saisit le Président algérien pour dénoncer des intimidations et des entraves aux libertés syndicales. Le 30 novembre 2016, des employés communaux se rassemblent à l'entrée du siège de la wilaya de Bouira. Une action de contestation parmi les centaines qui se tiennent tout au long de l'année. Cette fois, les travailleurs contestent la nouvelle loi sur la retraite et la loi de finances 2017. Très vite, la police intervient, comme à chaque fois qu'un rassemblement est organisé dans un espace public. La manifestation pacifique est sévèrement empêchée et des syndicalistes sont arrêtés. Une manifestation parmi tant d'autres. A la différence que, cette fois, les syndicalistes entrent en contact avec la Confédération syndicale internationale (CSI) pour signaler cette entrave à leur liberté syndicale. Et celle-ci n'a pas manqué d'écrire à l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles pour mettre en garde le gouvernement algérien contre l'arrestation de syndicalistes et la violation de leurs droits. Dans une correspondance, dont El Watan détient une copie, Sharan Burrow, secrétaire générale de l'organisation internationale, a adressé à l'ambassade d'Algérie à Bruxelles, en date du 1er décembre 2016, une lettre dans laquelle elle saisit le président algérien pour dénoncer des intimidations et des entraves aux libertés syndicales. Une lettre à laquelle l'ambassadeur en poste, Amar Belani, a répondu, deux semaines plus tard, soit le 16 janvier, en réfutant ces accusations qu'il qualifie d'«allégations mensongères qui dérogent aux plus élémentaires règles d'élégance exigibles à l'adresse de la plus haute autorité d'un Etat souverain». Insurrection civile Dans un plaidoyer empreint d'indignation, le représentant officiel de l'Algérie a assuré que «les autorités algériennes ont agi conformément à la réglementation et dans le seul objectif de préserver l'ordre public contre un attroupement non autorisé dont les visées étaient, selon toute vraisemblance, l'incitation aux troubles civils». Il qualifie l'attroupement d'«acte illégal» et accuse le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), à l'origine de l'action de protestation du 30 novembre 2016, de «vouloir le bouleversement de l'ordre public, voire la provocation d'une insurrection civile, un agissement éminemment politique et loin de toute revendication à caractère syndical». La réponse de la Confédération syndicale internationale, par la voix de sa secrétaire générale, en date du 26 janvier, est cinglante : «Concernant votre défense portant sur le fait que la protestation était illégale et politique et ne revêtait pas de caractère politique justifiant ainsi les arrestations, il est clair qu'aucune arrestation ou autre forme d'ingérence violente de la part de la police ne devaient se produire, dès lors qu'elles sont en rapport avec des actions de protestation pacifique qui ne sont même pas considérées comme illégales sous les lois nationales.» Elle ajoute : «L'image que vous nous donnez du respect de la liberté syndicale et du dialogue social en Algérie est malheureusement loin de la réalité.» Elle cite pour exemple Mellal Raouf, président du Syndicat national autonome des travailleurs de l'électricité et du gaz, condamné à 6 mois ferme par le tribunal de Guelma. «Nous en prenons acte et ne manquerons pas de soumettre ces informations à l'OIT», conclut Mme Burrow.