Ces huit jeunes sont accusés d'"incitation à attroupement visant à porter atteinte à l'ordre public et à corps constitués". Ils encourent une peine maximale de deux ans de prison ferme. Le procès des huit administrateurs de la page facebook, Garanda City, a été reporté au 18 avril prochain, à la demande de la défense. Les huit mis en cause ont comparu, hier, devant le tribunal de Bouira et l'avocate de la défense a demandé un report du procès, afin de mieux prendre connaissance des éléments retenus contre ses clients et préparer leur défense. Une requête acceptée par le juge. Ces huit jeunes, faut-il le rappeler, sont accusés d'"incitations à attroupement visant à porter atteinte à l'ordre public et atteinte à corps constitués". Ils encourent une peine maximale de deux ans de prison ferme. Selon Me Ghania Becheur, l'une des avocates des accusés, "l'affaire est en cours" et l'examen des charges retenues contre ces jeunes bloggeurs est également en cours d'étude. Cette avocate s'est refusée à émettre le moindre commentaire sur le fond de l'affaire. Néanmoins, elle a livré son avis personnel sur ce dossier estimant que "ces jeunes n'ont à aucun moment eu l'intention de s'en prendre aux symboles de l'Etat ou encore à semer la zizanie. Ils ont simplement exercé leur droit d'expression". Elle a ajouté que "ces jeunes seront relaxés. C'est du moins ce qu'on espère dans un Etat démocratique garantissant les libertés individuelles". Pour sa part, Me Ouafya Sidhoum, bâtonnière de Bouira, s'est contentée d'affirmer que le dossier de ces accusés est en cours d'examen. Pour rappel, les déboires de ces bloggeurs ont commencé au lendemain de la grève des commençants en janvier dernier. Les services de sécurité ont enclenché une enquête sur les administrateurs de cette page facebook, suite à la publication du contenu jugé "nuisible à l'ordre public". Selon des sources sûres, les enquêteurs de la police suspectaient ces jeunes d'avoir des liens avec d'autres pages foncièrement critiques à l'égard du pouvoir. Un lien que les 8 accusés ont formellement nié au cours de l'instruction. Ces jeunes, dont l'âge ne dépasse pas la trentaine, refusent de s'exposer au-devant de la scène et préfèrent "laisser la justice faire son travail", selon la déclaration de l'un d'entre eux. Il faut dire que ces jeunes n'ont jamais pensé se retrouver devant le juge pour de "simples" publications, traitant du quotidien du citoyen lambda. D'ailleurs, depuis le début de l'instruction, ces jeunes ont, pour ainsi dire, fait "profil bas" et n'ont à aucun moment cherché à médiatiser leur affaire. Au contraire, ils ont tout fait pour "calmer le jeu" en cherchant des solutions via le truchement de certains responsables. Ainsi, et selon nos informations, un député a fait office d'intermédiaire entre eux et les services de sécurité, mais en vain. Les publications des administrateurs de cette page ont été détectées par les services de l'Organe national de prévention et de lutte contre les infractions liées aux technologies de l'information et de la communication. Une institution créée en octobre 2015, dont la mission principale consiste à "assurer la surveillance préventive des communications électroniques en vue de détecter les infractions d'actes terroristes et subversifs et d'atteinte à la sûreté de l'Etat, sous l'autorité du magistrat compétent et à l'exclusion de tout autre organisme national", selon le Journal officiel. Cet organe de surveillance est une sorte d'observatoire qui scrute les moindres publications sur les réseaux sociaux qui pourraient porter atteinte à la stabilité du pays, selon la formule consacrée. Néanmoins, certains observateurs y voient une atteinte aux libertés d'expression et un "outil de censure".