"La route est impraticable. On attend quoi pour entamer les travaux de réfection et le revêtement de l'asphalte ?", s'interroge un automobiliste de Médéa qui vient visiter pour la première fois Tamanrasset. On ne le répétera jamais assez : le réseau routier de la wilaya de Tamanrasset, notamment les tronçons reliant In Salah à Tamanrasset (700 km) et celle-ci à In Guezzam (400 km), est dans un piteux état. Ce qui n'est pas sans susciter colère et indignation des automobilistes qui ne cessent de déplorer cette lamentable situation. "La route est dans un état de dégradation avancé; sans pour autant inquiéter les autorités ayant dépensé des sommes considérables pour l'érection des maisons cantonnières, puis les abandonner en l'absence d'équipement et de matériels d'entretien", s'indigne Abderrahmane, en faisant part des dégâts humains et matériels occasionnés sur ces routes de la mort. Les rapports dressés par le commandement de la gendarmerie de Tamanrasset montrant les points noirs qui sont à l'origine de nombreux accidents mortels sont tombés dans l'oreille de sourds, puisque la situation est toujours dans son état stationnaire. La chaussée est, sur des centaines de kilomètres entre Arak et Salah et Moulay Lahcen et Arak, parsemée de nid-de-poules et d'ornières, contraignant les automobilistes d'emprunter des pistes de déviation pour minimiser les dégâts et surtout arriver à destination "sains et saufs". Dans une déclaration qui sonne comme un appel de détresse à l'adresse des hauts responsables du pays, Mohammed, usager originaire de la petite Kabylie, dit avoir payé cher les frais ce cette déliquescence. Le souvenir de son frère aîné et sa nièce qui avaient péri dans un accident de la route il y a quelques années ne l'a jamais quitté. "Sa femme et sa fille s'en sont sorties indemnes. Sa fille cadette a rendu l'âme sur place. Lui (son frère, Ndlr), il a succombé à ses blessures au service de réanimation de l'hôpital de Tamanrasset", raconte-t-il tristement la tragédie imputée au délabrement du réseau routier et au laisser-aller des responsables qu'il qualifie de "criminels" du fait qu'il sont pour beaucoup dans les hécatombes survenues dans la wilaya. "La route est impraticable. On attend quoi pour entamer les travaux de réfection et le revêtement de l'asphalte ?", s'interroge un automobiliste de Médéa qui vient visiter pour la première fois Tamanrasset, mais qui compte repartir pour ne jamais y revenir à cause de la mésaventure routière qu'il a péniblement partagé, deux jours durant, avec sa femme et son cousin. La réponse nous vient d'Ahmed Ouyahia qui avait, lors de son dernier passage dans la wilaya, demandé aux habitants de prendre encore leur mal en patience à cause de la crise budgétaire qui sévit dans le pays. "Je sais que la route est entièrement dégradée, mais je suis persuadé que vous pouvez patienter encore", a-t-il déclaré comme pour signifier une prolongation de trop au calvaire des automobilistes. RABAH KARECHE