Le ministre des Finances vient de publier un document-synthèse du nouveau modèle de croissance, examiné et approuvé en Conseil des ministres le 26 juillet 2016. Le document d'une vingtaine de pages résume les propositions "les plus saillantes du nouveau modèle de croissance économique qui cible l'émergence de l'économie nationale à l'horizon 2030 et trace les trajectoires de sortie de la crise budgétaire à court terme (2016-2019) adossée à des réformes de la politique budgétaire". Trois phases de croissance sont retenues pour l'exécution de ce nouveau modèle. Dans son volet diversification et transformation de l'économie, le nouveau modèle de croissance définit des objectifs cibles à atteindre sur la période 2020-2030. Le document table sur une trajectoire soutenue de croissance du PIB hors hydrocarbures de 6,5% par an, une élévation sensible du revenu du PIB par habitant qui devrait être multipliée par 2,3 fois, un doublement de la part de l'industrie manufacturière en termes de valeur. Le nouveau modèle inscrit, également, une transition énergétique permettant notamment de diviser par deux le taux de croissance annuel de la consommation interne d'énergie (de +6% par an en 2015 à +3% par an à l'horizon 2030) et une diversification des exportations permettant de soutenir le financement de la croissance économique accélérée. "Pour atteindre ces objectifs, trois principes d'action, qui constituent autant d'axes stratégiques, doivent guider cette nouvelle politique de croissance", souligne le document. L'objectif pour l'industrie hors hydrocarbures visera à atteindre 10% dans la valeur ajoutée totale à l'horizon 2030. Les autres secteurs devront, également, connaître une croissance moyenne soutenue de 6,5% par an pour l'agriculture et de 7,4% pour les services marchands. La part des BTP dans le PIB devant progressivement décliner en faveur des services de connaissances, la croissance de ce secteur sera de 1,7% en moyenne sur la période. Le document évoque six axes stratégiques pour concrétiser cette nouvelle politique économique. En matière de financement de l'investissement, les actions doivent s'articuler autour de trois axes : la mise en place d'un véritable système national d'investissement dans les équipements publics, la reprise de la réforme du système bancaire et le développement d'un marché des capitaux. Les politiques industrielles sectorielles L'objectif de diversification décliné dans la Vision 2030 impose des épisodes de forte accélération de la croissance des secteurs, souligne le document. Le soutien sera orienté vers les secteurs où l'Algérie dispose d'avantages comparatifs naturels par une intégration en aval allant de la production de la ressource naturelle (agriculture, élevage, mines, hydrocarbures) vers les segments à forte valeur ajoutée. Trois secteurs sont identifiés. Il s'agit des industries agroalimentaires par la valorisation des ressources agricoles de notre pays (les agrumes, les dattes, la viande ovine, caprine ou cameline) et des secteurs en aval des hydrocarbures, en premier lieu la pétrochimie et les engrais. Le document cite aussi les secteurs en aval des ressources minières abondantes sur le territoire national (fer, phosphate, terres rares) qui, combinés à une énergie à bas prix (gaz principalement), procure un avantage majeur pour bâtir un potentiel de production compétitif dans les industries mécaniques, la sidérurgie et la métallurgie, les cimenteries, mais aussi des secteurs à plus forte valeur ajoutée comme l'automobile et, demain, l'aéronautique, la construction navale ou la métallurgie fine. Pour l'ensemble de ces secteurs, l'objectif à atteindre à un horizon de cinq à sept ans consiste à ne plus exporter de matières premières non transformées et de capter une part de plus en plus importante de valeur ajoutée en Algérie. Le soutien doit aussi être dirigé par des secteurs où l'Algérie dispose déjà d'avantages comparatifs construits, entre autres l'électronique, la construction de satellites, la production d'équipements de télécommunications. Le document évoque, par ailleurs, une stratégie de substitution ciblée sur les importations en remplaçant, partiellement ou totalement, l'importation de semi-produits ou de produits finis importés aujourd'hui par une production industrielle locale. Outre l'automobile, l'acier, la cimenterie ou l'agroalimentaire, le secteur prioritaire est également celui des industries pharmaceutiques. Le document n'a pas occulté la voler gouvernance. "Les réformes économiques ne peuvent réussir si elles ne sont pas portées par une administration et des Agences qui sont prêtes à les exécuter efficacement", souligne le document suggérant la mise sur pied d'une cellule de réformes et de modernisation managériale qui sera installée auprès du Premier ministère. Meziane Rabhi