Suite aux déclarations du ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda, évoquant, selon les agences de presse, l'éventualité d'un non-renouvellement du contrat gazier à long terme entre son pays et l'Algérie, l'ambassadeur d'Italie en Algérie, Pasquale Ferrara, a tenu à apporter des précisions sur le contexte de ces déclarations et surtout leur contenu. L ors de son entretien avec Liberté, l'ambassadeur Pasquale Ferrara a indiqué d'abord qu'il ne s'agit pas de "déclarations mais plutôt une communication que le ministre a faite au Parlement en réponse à un parlementaire qui évoquait le gazoduc transadriatique (TAP) et qui n'avait rien avoir avec l'Algérie", ajoutant que le ministre n'a pas parlé de l'Algérie sinon pour dire qu'il y a 45% du gaz qui viennent de Russie et les autres d'Algérie et de Libye. Contrairement à ce qui a été rapporté par les agences, l'ambassadeur précise que le ministre, en évoquant l'instabilité, a parlé de la Libye, et à aucun moment, il a été question dans sa communication d'instabilité de l'Algérie. Le ministre a aussi dit, concernant les contrats qui arrivent à échéance, qu'ils allaient être renégociés. Pour l'ambassadeur, la question est celle relative à la diversification des sources et des routes de l'énergie. 45% du gaz italien proviennent de la Russie et le reste provient de plusieurs pays, dont l'Algérie qui reste, dans "ce contexte, très importante et très stratégique", ajoutant que "quand on parle de la nécessité pour les pays qui ne sont pas producteurs de diversifier les sources et les routes, cela ne se fait pas nécessairement par soustraction. Cela se fait par addition". Le marché devient plus grand et il y a plus d'offres, mais "cela ne signifie pas qu'on va remplacer un fournisseur par un autre". Certes, en 2020, le marché sera très dynamique avec l'arrivée de nouvelles sources et routes du gaz, mais cela ne signifie pas que nous allons faire des choix, précise l'ambassadeur. De son point de vue, le problème, ce n'est pas le contrat, mais plutôt ce qu'on met dans le contrat. Il faut distinguer les deux choses. L'intérêt des deux parties est d'avoir des contrats bien articulés qui permettent de faire une programmation à long terme. Les marchés de l'énergie sont des marchés à long terme parce qu'il y a des investissements très lourds. Revenant sur les relations entre les deux pays, Pasquale Ferrara indique qu'entre l'Italie et l'Algérie, les relations dans le domaine énergétique ont été, sont et seront stratégiques et structurelles. L'approvisionnement de l'Italie en gaz algérien est en forte hausse. "On est passé de plus ou moins 7 milliards de mètres cubes en 2015 à plus ou moins 18 milliards de mètres cubes en 2016 et on projette pour 2017 d'aller au-delà de 20 milliards. Il s'agit là de fournitures de gaz qui ont triplé. Parmi les fournisseurs en gaz de l'Italie, l'Algérie reste un pays stable et fiable. Penser qu'une entreprise italienne puisse quitter l'Algérie relève de la spéculation." "L'ampleur de l'engagement des entreprises italiennes en Algérie n'est pas seulement dans le gaz. Il y a également la pétrochimie. Il y a même un intérêt italien pour la prospection offshore", affirme-t-il, ajoutant que "ce sont des engagements structurels et structurants, et en même temps, il y a une perspective stratégique". En conclusion, l'ambassadeur affirme qu'il y a un dialogue constant depuis des années et que cette relation continue. "Nous allons rester en Algérie. C'est une histoire qui vient de très loin et il n'y a aucun signe qui suggère que cette histoire ne va pas continuer." Saïd Smati