Lors de leur audition, les cinq mis en cause, âgés de 29 à 30 ans, ont fini par passer aux aveux en relatant la genèse de leur aventure meurtrière. Au moment où les membres de sa famille s'attendaient à un dénouement heureux, l'affaire de la disparition mystérieuse du candidat FLN aux prochaines élections législatives, à Béjaïa, Saïd Djouder, a finalement et malheureusement connu une fin tragique. Le corps sans vie de la victime, portée disparue depuis le 30 mars dernier, a été retrouvé, hier, par la police judiciaire, dans un état de décomposition très avancé, jeté en pleine nature, dans le parc national de Gouraya (PNG), non loin de la route menant de la ville des Hammadites vers le site touristique du Cap Carbon. C'est ce qu'a affirmé le chef de sûreté de wilaya de Béjaïa, le divisionnaire Abdellah Bennacer, lors d'un point de presse tenu, hier après-midi, au siège de son institution. L'officier de police a tenu à préciser que, suite à la découverte, le 16 avril dernier, du véhicule de Saïd Djouder, de type Polo Volkswagen, près de la cité EPLF de la commune de Bou Ismaïl, dans la wilaya de Tipasa, les services de la police judiciaire relevant de la Sûreté nationale, ont engagé une vaste opération de recherches et d'investigations qui se soldera par l'interpellation de cinq individus. L'un d'entre eux, originaire de la wilaya de Béjaïa, a été arrêté à El-Harrach (Alger), alors que les quatre autres ont été appréhendés à Koléa (wilaya de Tipasa). Selon M. Bennacer, la découverte du téléphone mobile de l'un des auteurs présumés de ce crime abject a permis aux policiers enquêteurs d'identifier et de localiser les autres complices. Lors de leur audition, les cinq mis en cause, âgés de 29 à 30 ans, ont fini par passer aux aveux en relatant la genèse de leur aventure meurtrière. Les déclarations des uns et des autres ont fait ressortir que l'auteur principal de ce meurtre n'est autre que le jeune Béjaoui travaillant à El-Harrach. Toutefois, il reste à connaître le mobile de ce crime. S'agit-il d'un règlement de comptes, d'un acte de banditisme ou tout simplement d'une affaire liée à la politique ? En tout cas, l'enquête menée par les éléments de la Police judiciaire de Béjaïa, en collaboration avec leurs collègues de Tipasa et d'Alger, privilégie la piste de "délit de droit commun", a précisé le premier responsable de la police à Béjaïa. Cette thèse exclut de fait tout éventuel soupçon de crime politique, alors que de folles rumeurs colportées sur les réseaux sociaux ont déjà évoqué l'hypothèse d'un assassinat politique, en s'appuyant sur le fait que le défunt était très engagé dans la vie politique. Âgé de 66 ans, ce fils de chahid, natif de Tizi N'berber, dans la daïra d'Aokas, était un militant très actif au sein du FLN, dont il est devenu le coordinateur de la kasma au niveau de sa commune. Selon les témoignages des membres de sa famille, le militant politique décédé avait quitté le domicile familial le 30 mars dernier, vers 13h, pour aller déposer un courrier à la mouhafadha FLN de Béjaïa. Après une altercation verbale avec les membres de cette structure régionale du parti d'Ould Abbes, M. Djouder quitte les lieux sans donner signe de vie à jamais. Par ailleurs, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), qui a suivi l'affaire depuis le début, se déclare "très affectée par cette triste nouvelle" et tient à présenter ses sincères condoléances et sa sympathie à la famille du défunt. Dans un communiqué diffusé hier après-midi par Saïd Salhi, vice-président de la Laddh, sur sa page Facebook, la Ligue estime qu'"il s'agit là d'un antécédent grave", avant de s'interroger : "S'agit-il d'une simple coïncidence ou d'un assassinat politique ?" La Laddh qui considère "ces interrogations sommes toutes légitimes", a tenu à "réitérer son exigence d'une enquête approfondie pour élucider les circonstances de cette disparition étrange en pleine campagne électorale". "Selon certains éléments donnés par les médias et la famille du défunt, la dernière apparition de M. Djouder Saïd était au bureau de la mouhafadha FLN de Béjaïa, où il y a déjà eu altercation au sujet de son classement sur la liste électorale", lit-on encore sur le même communiqué. Enfin, le responsable de la Laddh notera que "le parquet de Béjaïa doit nous éclairer sur cette affaire. La justice doit être actionnée pour faire jaillir la vérité et rendre justice à feu Saïd Djouder, paix à son âme". KAMAL OUHNIA