à Tiboualamine, le village natal de Saïd Djouder, 66 ans, candidat aux législatives du 4 mai sur la liste FLN, disparu mystérieusement le 30 mars dernier, l'attente devient pesante au fil des jours. Dans ce bourg perché sur les hauteurs de Tizi n'Berbère, daïra d'Aokas, l'angoisse doublée d'incompréhension règne. On guette les nouvelles qu'on espère réjouissantes. Père de 5 enfants, Saïd Djouder coulait des jours tranquilles dans la ville de Béjaïa où il réside depuis le milieu des années 1980. Ce fils de chahid, retraité de la Conservation des forêts de Béjaïa, est militant du FLN. Selon un proche parent, sa disparition soudaine inquiète. "La matinée du 30 mars, il a fait ses courses comme d'habitude au marché avant de rentrer à la maison. En début d'après-midi, il est passé à la mouhafadha de Béjaïa où il a déposé un courrier avant de ressortir et de disparaître sans laisser de traces", témoigne-t-il. Ayant attendu son retour en vain, sa famille a alerté, la nuit même, les services de sécurité. Mais, selon le proche parent, le déclenchement de l'enquête s'est fait avec lenteur, ce qui a intrigué les membres de la famille du disparu. Les habitants de Tiboualamine perdent patience et finissent par investir la rue. Dimanche passé, ils ont procédé à la fermeture de la RN9 reliant Béjaïa à Sétif à la sortie ouest de la ville d'Aokas. Au niveau de Tala Khaled plus précisément. "L'action a été menée afin de mettre la pression sur les autorités pour qu'une enquête soit ouverte", explique un membre de la famille. Une délégation du village a été reçue par le wali de Béjaïa qui a demandé qu'un temps lui soit accordé pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Des témoins ont été, depuis, convoqués par la police, fait savoir notre interlocuteur. "S'il avait voulu partir en voyage, il aurait pris ses médicaments, l'homme étant souffrant de maladies chroniques et est insulinodépendant", indique Samir, un proche de la famille. "Il est vrai qu'il n'était pas content de son classement sur la liste des candidats FLN aux législatives, mais cela ne peut tout expliquer", a-t-il ajouté. "Le jour de sa disparition, on a appris que son portable aurait émis un dernier signal de Tichy", a-t-il indiqué. Et d'ajouter que "même les services de sécurité n'ont pas compris cette soudaine disparition en plein jour". Les villagois de Tiboualamine menacent de réinvestir la rue dans les prochains jours, si rien n'est fait pour élucider cette disparition. "Nous attendons la réponse des autorités, et si aucune nouvelle n'est donnée sur M. Djouder, nous allons organiser une marche la semaine prochaine pour exiger que toute la lumière soit faite sur l'affaire", ont-ils prévenu. Du côté de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), aile Zehouane, un appel a été lancé pour la mobilisation générale afin de retrouver Djouder Saïd. "La Laddh, préoccupée par cette disparition, interpelle les pouvoirs publics, les services de sécurité, le parquet de Béjaïa à ne ménager aucun effort et à mettre en œuvre tous les moyens et mesures pour garantir l'intégrité physique et retrouver M. Djouder Saïd dans les plus bref délais et ouvrir une enquête approfondie pour situer les responsabilités et éluder les circonstances de cette disparition", écrit la Laddh dans un communiqué, tout en soulignant que "la Laddh a été saisie par la famille Djouder au sujet de la disparition du citoyen-candidat aux élections législatives à Béjaïa disparu étrangement en pleine opération électorale". H. Kabir