Il s'était égaré en Ligue des champions mais Lionel Messi a ressurgi dimanche dans le clasico de Liga (3-2) : un doublé, un 500e but avec Barcelone et un sacré grain de sable pour Zinedine Zidane. "ZZ" a, lui, raté ce grand rendez-vous pour la première fois qu'il est entraîneur du Real. Eliminé mercredi de l'épreuve-reine européenne, le Barça aurait pu tout perdre en l'espace d'une semaine, mais c'était compter sans Messi. Le quintuple Ballon d'or, resté stérile en huitièmes de C1 face au PSG (excepté un penalty) puis lors du quart perdu contre la Juve, a achevé sa traversée du désert au meilleur moment : au stade Santiago-Bernabeu, face à l'éternel rival merengue. Son doublé tout en virtuosité (33e, 90e+2) lui a permis de devenir le premier homme à atteindre la barre symbolique des 500 buts sous le maillot blaugrana. Surtout, l'Argentin a relancé un Barça moribond : le club catalan est à nouveau leader (75 pts) à la différence de buts particulière devant le Real (75 pts), avec le rêve d'un nouveau doublé Liga-Coupe du Roi, le troisième d'affilée. "Messi a tranché : la Liga reste en jeu", a résumé le quotidien sportif Marca, le plus lu d'Espagne. "L'extase", a titré le journal catalan Mundo Deportivo, "Saint Messi", a osé son homologue Sport. Et tous ont salué l'immense prestation du petit lutin argentin, qui a répondu du tac au tac à Cristiano Ronaldo, devenu mardi dernier le premier joueur à dépasser les 100 buts en C1. "Leo est le meilleur du monde", a tranché l'entraîneur barcelonais Luis Enrique. "Marquer le 500e but ici, à la 92e minute, et que cela permette de gagner, c'est un sacré jalon." Même Zidane, beau joueur, a été contraint de saluer cette prestation hors norme. "Il faut le féliciter, point barre", a lâché l'entraîneur français du Real. "C'est un joueur qui a eu les occasions de marquer ce soir. Nous, on ne l'a pas fait", a-t-il déploré. Gare à l'enrayement C'est précisément dans la finition que le Real a péché dimanche, et sans certains gros ratés, dont ceux de Ronaldo, le résultat aurait pu être tout autre. C'est rageant pour Zidane, qui a fini par s'incliner devant le Barça pour son troisième clasico d'entraîneur. Soit, vu la magnitude du choc, sa première vraie déception comme technicien du Real. Jusqu'à présent, "ZZ" avait toujours répondu présent dans les grands matches, comme la finale de Ligue des champions remportée en 2016, ou encore, plus récemment, le quart de C1 gagné contre le Bayern Munich (2-1, 4-2 a.p.). Cette fois, cela n'a pas fonctionné, et la presse espagnole a déploré certains choix du "Mister" français : avoir aligné Gareth Bale qui revenait de blessure et a vite rechuté, n'avoir pas sorti assez vite Casemiro qui risquait l'exclusion, et avoir laissé sur le banc Isco, pourtant en excellente forme. "Je ne pense pas du tout que ce soit une défaite fatale, sinon j'arrête d'entraîner demain matin. Au contraire", a dédramatisé Zidane, tout en reconnaissant que c'était un "dur" revers. Le risque, désormais, est que la dynamique de son Real s'enraye : même si l'équipe merengue garde son destin en main en Liga avec un match en retard courant mai à Vigo, même si elle reste sur 56 matches d'affilée avec au moins un but marqué (record d'Espagne), son mois de mai s'annonce éreintant. Gare à la débauche d'énergie en demi-finale de C1 contre l'Atletico Madrid, son redoutable voisin (2 et 10 mai) ! Et attention à un calendrier délicat en Liga, avec quatre déplacements sur ses six derniers matches. Le Barça, de son côté, pourra concentrer toutes ses forces sur la Liga et sa fin de saison semble légèrement plus abordable avec trois matches sur cinq à domicile, même si les Catalans joueront gros dès samedi prochain dans le derby contre l'Espanyol Barcelone. Un autre rendez-vous pour voir surgir Messi ?