L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) envisage de rencontrer les producteurs qui lui sont extérieurs, le 25 mai prochain, l'objectif étant de déterminer si oui non, les deux parties reconduiront la réduction de l'offre pétrolière. Selon l'agence Reuters qui cite une source proche de l'organisation pétrolière, la date du 25 mai n'est, cependant, pas encore été arrêtée et pourrait être même modifiée. L'accord signé en décembre dernier entre pays Opep et pays non-Opep arrivera à expiration en juin prochain. Il n'a pas permis de faire remonter les cours de brut dans une fourchette qui soit acceptable aussi bien pour les petits que pour les gros producteurs. Dès lors, il n'y a pas d'autre choix que de le reconduire. Et tout porte à croire à l'heure actuelle que les pays pétroliers vont le faire. Des pays poids lourds membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) y sont favorables. Ils ont approuvé cette semaine la prolongation de l'accord. L'Arabie saoudite, par la voix de son ministre du Pétrole, a fait une déclaration dans ce sens, expliquant que "peu importe si la période qui visera la prolongation de l'accord soit de 6, 9 ou 12 mois, le but reste le même, c'est-à-dire de stabiliser le marché". Riyad, premier exportateur mondial de pétrole, a annoncé être prêt pour réduire davantage sa production si les autres pays membres de l'organisation et ceux qui n'en sont pas membres, en l'occurrence la Russie, sont du même avis. Selon Amin Nasser, le P-DG de Saudi Aramco, la société publique saoudienne du pétrole, la dépendance mondiale au pétrole n'est pas près de s'estomper, mais celle-ci risque de se heurter à une demande insuffisante si les investissements, notamment dans l'exploration, ne reprennent pas. Depuis le début de la chute des prix du pétrole, en juin 2014, jusqu'en décembre 2016, les investissements globaux dans l'amont pétrolier ont reculé de 1 000 milliards de dollars. À cela s'ajoute une baisse, de plus de moitié, des découvertes de pétrole conventionnel enregistrées sur les quatre dernières années. Si un tel scénario se produit, l'on pourrait assister à une émergence plus poussée du pétrole de schiste, car son exploitation coûte moins cher que celle du pétrole conventionnel. Les Etats-Unis pourraient, ainsi, rapidement devenir le premier producteur mondial de pétrole de schiste. Bien qu'en 2017, les analystes tablent sur une augmentation de 3% des dépenses liées à l'exploration et à la production (450 milliards de dollars), les responsables saoudiens du secteur pétrolier anticipent une pénurie mondiale d'or noir "dans les prochaines décennies". Une chance pour le pétrole de retrouver ses niveaux d'avant mi-2014. Par ailleurs, Amin Nasser soutient que la poussée de la demande dans les prochaines décennies favorisera l'augmentation de la capacité de raffinage aux USA et en Asie. Il est utile de rappeler que l'Opep s'est engagée à réduire de 1,2 million de barils sa production pétrolière à la faveur de l'accord signé fin novembre 2016 à Vienne. Les non-Opep se sont joints à cet effort, le 10 décembre 2016, en taillant également dans leur production (près de 600 000 barils par jour). Hier, le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en juin, prenait 30 cents à 52,26 dollars. Celui de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en juin, gagnait, lui, 24 cents à 49,86 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Y. S.