Les cours du pétrole ont légèrement baissé mardi, restant au plus bas depuis un mois, dans un marché toujours plombé par les doutes sur la capacité de l'Opep à s'accorder sur une réduction de son offre. Le cours du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, a perdu 19 cents à 46,67 dollars sur le contrat pour livraison en décembre au New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir déjà cédé près de deux dollars la veille. A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier, dont c'était le premier jour comme contrat de référence, a reculé de 16 cents à 48,14 dollars sur l'International Exchange (ICE). Le marché intègre les doutes sur un accord de baisse de la production, a résumé Gene McGillian, de Tradition Energy. Les cours sont désormais entièrement revenus sur l'essor qui avait suivi l'annonce fin septembre par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) d'un accord préliminaire de baisse de sa production. Cela montre que l'on ne peut pas tenir ces niveaux sans qu'il y ait de certitude, a insisté M. McGillian. Plusieurs actualités ont accentué les doutes des investisseurs sur un accord qui doit encore être concrétisé lors du sommet semestriel du cartel, le 30 septembre à Vienne. D'abord, une réunion technique n'a débouché sur aucune annonce concrète à l'issue du week-end, décevant des analystes aux attentes pourtant peu élevées, puis des études indépendantes ont montré en début de semaine que l'Opep a accéléré sa production à un record en octobre. Et ce ne sont pas les pays extérieurs au cartel qui vont aider, a enchaîné Mike Lynch, de Strategic Energy & Economic Research. Plusieurs de ces pays, que les observateurs espèrent voir rejoindre l'accord, étaient présents lors de la réunion du week-end, en premier lieu la Russie. Ils se sont abstenus de tout engagement, avant que le ministère russe de l'Energie donne un autre coup au marché en faisant état dans la foulée d'une production mensuelle au plus haut depuis trente ans. Mais il nous reste encore quelques semaines avant le sommet de l'Opep et, vu comme le marché est sensible aux moindres déclarations, il pourrait se relancer si elles deviennent plus encourageantes, a avancé M. McGillian. Mardi, les cours n'ont néanmoins guère profité de déclarations du géant pétrolier saoudien Aramco -l'Arabie saoudite restant le membre dominant de l'Opep-, selon lequel le marché devrait s'équilibrer début 2017. Oléoduc perturbé Quant aux Etats-Unis, troisième grand acteur du marché avec la Russie et l'Opep, l'indépendance de leur marché les écarte d'un tel accord mais l'évolution de leur offre reste tout autant surveillée. A ce titre, mardi, le marché n'a obtenu qu'un soutien ponctuel de la fermeture du plus important oléoduc américain, dans l'Alabama, à la suite d'une explosion mortelle. Je ne pense pas que cela ait un gros impact, a remarqué M. Lynch. Les cours de l'essence, qui avaient certes bondi en début de séance, ont d'ailleurs ralenti leur hausse après l'annonce par l'exploitant de l'oléoduc de la remise en fonction de l'une des lignes, même si le principal canal ne devrait pas être rétabli avant le week-end. Quoi qu'il en soit, la fermeture d'un oléoduc ne fait guère que déplacer le problème d'une offre élevée et il faut distinguer cela d'une baisse de la production des raffineries ou d'un bond de la demande d'essence, qui représenteraient plus franchement un développement positif, a écrit Tim Evans de Citi. Par ailleurs, les marchés pétroliers sont peut-être marqués par quelques rééquilibrages avant les chiffres hebdomadaires sur les stocks américains, a-t-il ajouté. La fédération American Petroleum Institute (API) publiera mardi après la clôture ses estimations sur l'offre américaine, mais ce sont surtout les chiffres officiels du département de l'Energie (DoE) que les investisseurs attendent le lendemain. Selon un consensus d'analystes compilé par l'agence Bloomberg, ces stocks pourraient afficher une hausse de 1,5 million de barils pour le brut, une baisse de 1 million de barils pour l'essence et un déclin de 1,8 million de barils pour les produits distillés. Rebond en Asie Les cours du pétrole ont rebondi mardi matin en Asie, au lendemain d'un recul prononcé, les prix étant désormais soutenus par les perturbations sur le marché américain, après la fermeture du principal oléoduc américain en raison d'une explosion en Alabama. Vers 03h30 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en décembre, progressait de 9 cents à 46,95 dollars. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en janvier, un nouveau contrat, gagnait 29 cents à 48,90 dollars. La montée des prix de l'essence tire les cours du brut vers le haut, a déclaré Jingyi Pan, analyste chez IG à Singapour. La fermeture du principal oléoduc transportant l'essence aux Etats-Unis a fait flamber le prix de l'essence ce matin, a-t-il expliqué. Les investisseurs attendront mardi les estimations de l'American Petroleum Institute (API) sur les réserves américaines de brut. Le marché doit s'équilibrer début 2017 Le marché pétrolier doit s'équilibrer début 2017, après une abondance de l'offre qui a fait chuter les prix entre mi-2014 et début 2016, a prédit mardi le pdg du géant pétrolier saoudien Aramco. L'écart entre l'offre et la demande est en train de se réduire, a déclaré Amine Nasser lors d'un forum sur l'énergie organisé à Ryad. Selon l'analyse de la compagnie d'Etat présentée par son pdg, le marché doit s'équilibrer pendant la première moitié de 2017. La semaine dernière, le chef de l'Agence internationale pour l'énergie (AIE) a déclaré que le marché devrait se rééquilibrer plus tôt que prévu si les principaux producteurs mettaient en œuvre, lors d'une réunion le 30 novembre à Vienne, un accord pour plafonner la production. Fatih Birol a expliqué que l'AIE s'attendait à ce que la production mondiale dépasse la demande jusqu'au second semestre de 2017 mais que si les producteurs Opep et non-Opep intervenaient sur les marchés, ce rééquilibrage (pourrait) s'effectuer plus tôt. Dans une décision surprise, les membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) ont convenu en septembre d'une réduction de l'offre. Cet accord est la première tentative pour stabiliser les prix du pétrole depuis 2008 mais ses détails ne seront élaborés qu'à la réunion de Vienne de fin novembre. Samedi, les responsables de l'Opep ont eu des entretiens dans la capitale autrichienne avec la Russie et d'autres pays non membres du cartel pour débattre de la mise en œuvre de ce plan visant à réduire l'offre. Quatre membres de l'Opep (Irak, Iran, Nigeria et Libye) ont demandé à être exclus d'une éventuelle réduction de la production, a rapporté Bloomberg News. La production a excédé la demande au cours des deux dernières années, ce qui a fait dégringoler le prix du baril de plus de 100 dollars en juin 2014 à moins de 30 dollars en février de cette année, son plus bas niveau en 13 ans. Les prix sont remontés actuellement à environ 50 dollars le baril. M. Nasser a d'autre part dit espérer voir Aramco commencer l'année prochaine à publier ses résultats trimestriels en prévision de son introduction en bourse. Cela fournira de meilleures données pour les investisseurs potentiels, a-t-il souligné. En application d'un vaste plan de réforme, l'Arabie saoudite envisage de proposer aux marchés financiers 5% du capital d'Aramco en vue de créer le plus important fonds souverain du monde. La préparation de l'introduction en bourse se passe bien, a déclaré M. Nasser, affirmant qu'elle serait la plus grosse de l'histoire. Les parts d'Aramco seront proposés selon lui sur le marché saoudien mais la même opération est envisagée sur des places étrangères comme New York, Tokyo et Hong Kong.