Sous ses airs de ministre jeune et dynamique, Ould Ali El-Hadi souffre visiblement d'un sérieux problème d'inertie. Depuis son passé de responsable au sein du Mouvement culturel berbère (MCB), Ould Ali El-Hadi a gravi vertigineusement les échelons au point de se hisser au sein de l'Exécutif, mais sa tendance viscérale à botter en touche est restée intacte. Vendredi dernier, en marge d'une visite à Constantine, l'ex-directeur de campagne du président Abdelaziz Bouteflika dans la wilaya de Tizi Ouzou a levé le voile pour la première fois sur une demande d'explication formulée auprès du Comité olympique algérien (COA) concernant une importante somme (31 milliards de centimes) destinée à la préparation des Jeux olympiques et des Jeux africains dont une bonne partie n'aurait pas été utilisée, selon lui, à cet effet. À quelques encablures des élections, la velléité du MJS de semer le doute sur les finances du COA est évidente. D'autres rapports, à l'image de celui de la Cour des comptes, ont déjà du reste égratigné la gestion de Mustapha Berraf. C'est dire que le MJS est tout à fait dans son droit de demander des comptes au COA, ou à toute autre instance sportive financée par les subventions de l'Etat. Seulement voilà, il existe un hic : au retour de la délégation algérienne des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, fin août 2016, la presse et les observateurs ont réclamé justement une commission d'enquête suite aux graves accusations du double médaillé olympique Taoufik Mekhloufi accusant les responsables du sport en Algérie de "sabotage", de "trahison" et de "détournement de moyens". Des dénonciations confortées par celles de l'entraîneur de Larbi Bouraâda, Mahour Bacha, et de Larbi Bouraâda lui-même, "abandonné à son sort au premier jour de la compétition", selon ses dires. Le chef de délégation, Amar Brahmia, cité également dans cette affaire, que nous avons reçu à Liberté, nous avait même confié avoir exhorté le MJS à diligenter une enquête afin de faire toute la lumière sur ce scandale. Il avait également admis certaines "anomalies" dans le dossier de la participation algérienne aux JO. Cependant, au lieu d'ordonner une enquête, Ould Ali El-Hadi avait préféré faire carrément la politique de l'autruche. L'avion spécial de la délégation algérienne n'avait en effet pas encore atterri sur le tarmac de l'aéroport Houari-Boumediene que le ministre de la Jeunesse et des Sports déclarait déjà que ses services "ne mettront pas en place une commission d'enquête sur la participation algérienne aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro", se disant même "très satisfait des résultats" – un maigre butin de deux médailles d'argent arrachées par l'enfant terrible de Souk Ahras, Taoufik Mekhloufi. Pis encore, le MJS s'était même arrangé pour dénicher illico presto des sponsors généreux pour Mekhloufi et Bouraâda afin de les mettre dans de meilleures conditions de préparation et surtout pour les amener à changer de ton. C'est ce qu'ils firent rapidement d'ailleurs. Mais alors pourquoi Ould Ali El-Hadi a attendu tout ce temps-là (8 mois) pour finalement insinuer que tout ne va pas très bien au COA, à moins qu'il s'agisse là d'un avertissement en filigrane adressé à Mustapha Berraf qui consiste à vouloir dire : "Si vous vous représentez aux élections du COA, je serai obligé de laisser faire la commission d'enquête." Du chantage, quoi ! SAMIR LAMARI