Le constructeur français disposera à court terme d'une capacité de fabrication de 75 000 véhicules/an dans son usine d'Oran. Le gouvernement Sellal veut lier la production des constructeurs installés en Algérie à l'amélioration du taux d'intégration. Il est passé aux actes. En effet, le ministère de l'Industrie a demandé à Renault de ne pas aller au-delà de sa capacité projetée à court terme, en clair, d'ici à 2018, de 75 000 véhicules/an, a-t-on appris d'une source sûre proche de Renault. L'intention est claire après les accusations selon lesquelles l'usine de Tahkout produit des véhicules à des taux d'intégration très faibles, assimilables presque à de l'importation, l'Exécutif a revu sa position. Le gouvernement veut éviter l'émergence d'une industrie automobile "tournevis" et l'augmentation de la facture d'importation via les collections ou Skd que les usines de montage automobile en exploitation ou en cours de réalisation utilisent actuellement ou comptent utiliser dans une première étape. Le nouveau cahier des charges conditionnera et l'augmentation de la production et l'octroi d'avantages fiscaux à l'amélioration du taux d'intégration. La première usine en exploitation, celle d'Oran, est avertie. Si l'Etat respecte cette logique, la mesure va caler également la production des véhicules Hyundai de l'usine de Tahkout entre 20 000 à 40 000 véhicules/an et celle de Volkswagen à 10 000 véhicules/an. Pour aller dans le sens des vœux des autorités, Renault Algérie a invité, dans une rencontre récente, deux cents sous-traitants, en grande partie ceux du constructeur en France ou en Europe à s'impliquer dans la sous-traitance en Algérie en partenariat avec des sociétés locales. L'impératif du renouvellement du parc auto comme atout Pour les convaincre de s'engager en Algérie et donc de participer à l'amélioration rapide du taux d'intégration des véhicules montés en Algérie, sans laquelle les usines de Renault, de Peugeot, de Volkswagen et de Hyundai ne seraient pas rentables, le ministère de l'Industrie, lors de cette rencontre, a confié un participant, a présenté les atouts du marché algérien : une capacité de production d'au moins 400 000 à 500 000 véhicules/an en 2022, le renouvellement nécessaire du parc auto algérien avec 37% de voitures qui ont plus de 20 ans d'âge, la route transsaharienne qui va augmenter le flux de transport entre l'Algérie et les pays de l'Afrique subsaharienne et donc les besoins de véhicules neufs. Devant l'impératif de la sous-traitance, Renault Algérie, en fait, est en avance sur ses concurrents. Cette société met le cap sur cette nécessaire augmentation du taux d'intégration. Son taux actuel est estimé à 12% hors brevet ou savoir-faire, à 28% si on inclut ce facteur, selon la même source. Renault Algérie table sur un taux d'intégration de 42% en 2019. Pour cela, elle compte réaliser à court terme l'emboutissage et la tôlerie sur place, ce qui augmentera sensiblement le taux d'intégration. Elle est en contact ou en discussions avec plusieurs sous-traitants locaux. À cela s'ajoutent les sous-traitants du constructeur qui vont participer à améliorer ce taux d'intégration. Sealinx, par exemple, compte fabriquer en Algérie les caoutchoucs d'étanchéité pour les portes de véhicules ainsi que des pièces en plastique. À noter que le plan de Renault Algérie, les projets de Peugeot et dans une moindre mesure celui de Volkswagen sont plus structurés en matière de gradation dans l'amélioration du taux d'intégration. Puisque tous ces constructeurs s'accompagnent, dans leur défi industriel, d'une partie de leurs sous-traitants en France ou en Europe. Ce qui n'est pas le cas de l'usine de Tahkout de Tiaret. À noter que les usines de Renault, de Volkswagen et de Peugeot en Algérie ont pour ambition d'atteindre chacune un volume de 100 000 véhicules au moins à l'horizon 2020-2022. Les besoins en véhicules en Algérie sont estimés à 200 000 et 250 000 véhicules/an. Ce qui veut dire qu'une partie de la production locale sera destinée à l'exportation. Renault Algérie a déjà affiché son ambition d'exporter une partie de sa production à moyen terme. Même topo pour Volkswagen. Le nouveau cahier des charges va sans doute fixer cette obligation d'exporter une partie de la production. Mais ce ne sont pas tous les fabricants locaux de véhicules qui pourront accéder aux marchés internationaux tant la concurrence sera rude avec, notamment, Peugeot Maroc, Renault Maroc. Ce qui pose la question de la viabilité de tous les projets annoncés. K. Remouche