Le rassemblement de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (Cgata) n'a pu se tenir, hier matin, à la place des Victoires d'Oran. La police, qui a déployé un important dispositif, l'en a empêché. En effet, très tôt le matin, avant même le début de l'action de protestation pacifique, qui devait avoir pour mot d'ordre "la défense du pouvoir d'achat, la défense de l'emploi et des libertés syndicales", un dispositif policier impressionnant avait été mis en place bloquant totalement les accès à la place des Victoires. L'entrée de l'immeuble, siège du Snapap, membre de la Cgata, a également été investie et bloquée, empêchant et les syndicalistes et les résidents à cet adresse de sortir. Tout autour, des fourgons de police encerclaient les lieux. Les forces de l'ordre, disposées en cordon de sécurité de plusieurs niveaux, ont donné à cette place l'impression d'une place forte en état de siège, un encerclement en règle, et qui s'est refermée lorsque les travailleurs ont tenté de sortir de l'immeuble. Leurs camarades, restés à l'extérieur, ont improvisé une marche pour rejoindre la Place et leurs collègues bloqués à l'entrée du siège du Snapap. Des délégations de syndicats autonomes, la Cgata en regroupe une dizaine ainsi que des collectifs de travailleurs, sont venues de plusieurs régions du pays, comme Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa, Tlemcen et Sidi Bel-Abbès, et ont pu rallier Oran, alors que selon les organisateurs, d'autres n'ont pu le faire, "bloquées et retenues dans des barrages sur la route et à l'entrée d'Oran", a affirmé un syndicaliste. En dépit de tous ces aléas et la police qui s'en est pris à ceux qui filmaient avec des portables, la protestation a marqué le centre-ville d'Oran et ses habitants, en ce 1er Mai. Face aux forces de l'ordre, qui tentaient de contenir par la force, les manifestants ont scandé leurs slogans "Libertés syndicales", "Une seule Algérie unie", "Y en a marre de ce pouvoir" ou encore "La Cgata forte et libre" pendant des heures, entrecoupés parfois par l'hymne national. Les emblèmes syndicaux et le drapeau national ont été brandis et des chants révolutionnaires entonnés. Les slogans les plus durs ont ciblé le Premier ministre : "Sellal mange du merlan et les travailleurs du Jumbo". Ils n'ont pas raté, également, le patron de l'UGTA traité d'homme de paille du pouvoir, ayant "vendu les travailleurs". Des passants qui, visiblement, approuvaient les slogans pour la défense du pouvoir d'achat, ont eu trop peur de se rapprocher des agents y compris en civil, les sommant de s'éloigner. Avant la fin du rassemblement, des prises de paroles des différents leaders syndicaux, tels ceux du Snapap, du Sess, du Snateg, ont eu lieu, rappelant que pour les luttes et le combat pour la libération du pays, "ce sont les travailleurs qui ont été au premier rang et de tout temps". Le régime "coupable, anti-démocrate est à l'origine de la crise et il veut faire payer le peuple". Les représentants du Sess et du Snapap, tour à tour, dénonceront la corruption, la répression contre les militants syndicaux et les militants des droits de l'Homme. Et c'est sur la liberté des travailleurs que l'action de protestation s'achèvera en fin de matinée. Au bout d'une heure, la place des Victoires "sera libérée" par les forces de l'ordre. D. LOUKIL