Des policiers ont arrêté tôt le matin les membres de la direction du syndicat dans un hôtel pour les empêcher de manifester. La marche nationale des travailleurs du groupe Sonelgaz prévue hier à Tizi Ouzou, à l'appel du Syndicat national autonome des travailleurs d'électricité et gaz (Snateg), a été finalement empêchée par un important dispositif des forces antiémeutes de la police qui ont même procédé à des arrestations. Il était environ 8h du matin lorsqu'une véritable "chasse à l'homme" a été déclenchée aux alentours de la direction de la SDC de Tizi Ouzou, située au centre-ville, où devait débuter la marche des travailleurs venus de 16 wilayas, alors que "des membres du bureau national du Snateg étaient auparavant arrêtés dans un hôtel", nous a-t-on dit. Plusieurs manifestants, qui tentaient de rejoindre ou de quitter les locaux de la direction de la SDC, étaient embarqués et conduits au commissariat central, tout proche, ce qui avait créé une vive tension chez le reste des manifestants qui exigeaient la libération de leurs camarades. Cette répression a été dénoncée énergiquement par l'un des membres du bureau national du Snateg, en l'occurrence Drioueche Nabil, rencontré à l'entrée de la direction de la SDC, et qui dira : "Nous sommes venus à Tizi Ouzou pour une marche nationale et un sit-in pacifique pour la liberté syndicale et dénoncer toutes les pressions et les intimidations exercées contre nous par les autorités et par notre direction, en remettant en cause notre liberté d'activité syndicale pourtant garantie par la Constitution. Nous avons 36 revendications socioprofessionnelles relatives notamment aux salaires et aux différentes primes qui constituent des droits légitimes pour les travailleurs de Sonelgaz." Il est à souligner que dans un communiqué rendu public hier, la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (Cgata) a condamné "l'arrestation, survenue à l'hôtel, du président du Snateg, Mellal Raouf, et de huit membres du bureau national par les forces de l'ordre pour empêcher une marche nationale pacifique des travailleurs du groupe Sonelgaz". Et de préciser qu'"hier à 6h du matin, des policiers ont envahi l'hôtel pour arrêter toute la direction du Snateg et confisquer toutes les banderoles et les affiches. La Cgata condamne et dénonce avec force l'arrestation de toute la direction du Snateg, des délégués syndicaux et des travailleurs voulant faire entendre pacifiquement leurs voix étouffées par les dirigeants du groupe Sonelgaz". La Cgata affirme, dans le même document, que "cette répression policière illégale contre des travailleurs et leurs représentants syndicaux montre à quel point les décideurs aux abois ne cessent de violer les conventions internationales et lois constitutionnelles tous les jours". Par ailleurs, l'on a appris de sources concordantes que tous les manifestants arrêtés, dont le président du Snateg et les délégués syndicaux, ont été libérés, alors qu'une action de protestation est prévue aujourd'hui à Béjaïa et une autre demain devant le siège de la direction du groupe Sonelgaz à Alger, soit des actions de protestation qui entrent dans le cadre d'un débrayage de trois jours décidé par le Snateg. K. Tighilt