Deux mois après les élections générales, le pays est toujours sans président, ni Premier ministre. Une nouvelle réunion est programmée pour aujourd'hui dans l'espoir de débloquer la situation. La division est totale. En effet, si les Kurdes et les chiites n'arrivent pas à s'entendre sur la répartition des postes-clés du futur gouvernement, les sunnites mettent du temps pour désigner leur candidat à la présidence du Parlement transitoire, qui recueille l'assentiment général. Car la candidature de Michaân Joubouri a été rejetée par la communauté kurde, qui lui reproche ses liens avec le régime de Saddam Hussein. Pis, même une partie des sunnites n'approuve pas ce choix. Ainsi, cette communauté, qui a boycotté le dernier scrutin, a fini par se mettre d'accord hier sur le nom du prochain président du Parlement, poste offert par les chiites et les Kurdes pour éviter la marginalisation de 20% d'Irakiens. Il s'agit de Hajem Al-Hassani. Elu sur la liste Iraqiyoun du chef de l'Etat Ghazi Al-Yaour, M. Al-Hassani, ministre sortant de l'Industrie, avait pourtant déclaré, au début de la semaine, ne pas être intéressé par le poste. Ceci étant, M. Joubouri a indiqué hier matin qu'il maintenait sa candidature. “Je ne suis qu'un simple fantassin, un fidèle de la communauté sunnite dont j'exécute la volonté”, a-t-il dit. Des pressions ont été exercées pour que le Parlement puisse se doter enfin, à l'issue de sa session d'aujourd'hui, d'un président et de deux adjoints. Pour rappel, seuls 16 députés sur les 275 que compte l'Assemblée sont d'obédience sunnite. Par ailleurs, les postulants à la vice-présidence sont connus. Le candidat de l'AUI au poste d'adjoint sera le chiite Hussein Chahristani, un scientifique du nucléaire emprisonné sous le régime de Saddam Hussein. L'autre poste d'adjoint irait au juge kurde, Dara Nureddin, qui avait participé au Conseil de gouvernement créé après la chute du régime par la coalition. La session de l'Assemblée vendredi dernier n'a donné aucun résultat quant à la formation du nouveau gouvernement, tant chaque partie campait sur ses positions. Ce blocage a été confirmé par un membre de l'Alliance unifiée irakienne, qui a déclaré, sous le couvert de l'anonymat, que le gouvernement était “loin d'être formé”. Des calculs politiciens de part et d'autre font que la situation demeure en l'état. Les tractations entre Kurdes et chiites se poursuivent dans l'espoir d'aplanir les différends. Sur le plan sécuritaire, 7 Irakiens ont été tués, dont 5 dans l'explosion d'une voiture piégée, hier matin, près de Khan Bani Saâd, au nord-est de Bagdad. Un marine américain a été tué par des tirs d'arme à feu dans la ville de Ramadi (100 km à l'ouest de Bagdad), selon un communiqué de l'armée américaine. Ce décès porte à 1 527 le nombre de militaires américains tués en Irak depuis l'invasion du pays, en mars 2003, selon un bilan établi à partir des chiffres du Pentagone. K. A.