Le ministre de la Communication, Hamid Grine, invité hier de la rédaction de la radio Chaîne III, a affirmé que l'interdiction d'impression d'Echourouk n'est pas liée à l'affaire d'Echourouk News, la télévision du groupe de presse Echourouk qui a publié un entretien avec une candidate aux législatives après l'expiration de l'intervalle légal imparti à la campagne électorale. "Il s'agit d'une affaire purement commerciale. Il se trouve que le journal Echourouk, avec tout le respect que je dois aux journalistes, a beaucoup de créances vis-à-vis des imprimeries de l'Etat. Aujourd'hui, certaines de ces imprimeries sont au bord du dépôt de bilan. Que voulez-vous que ces imprimeries fassent ? Qu'elles restent les bras croisés alors qu'elles ont été trop tolérantes, flexibles et indulgentes jusqu'ici vis-à-vis de la presse ?" s'est interrogé le ministre de la Communication. Celui-ci ira jusqu'à divulguer les dettes de ce quotidien vis-à-vis des imprimeries (SIA et Simpral), non sans reprocher à ces deux entreprises publiques leur comportement complaisant. "À un certain moment, en ma qualité de ministre, je leur en ai voulu de cette indulgence. Je ne m'immisce pas dans les affaires des imprimeries, car elles ont des relations de travail et parfois des affinités. Mais, trop, c'est trop ! Echourouk a une créance de 60 milliards de créances. Et ça, je l'ai dit avant-hier au directeur général d'Echourouk. Celui-ci m'a appelé lundi dernier vers 21h et on s'est expliqués sur ces créances. Je l'ai rappelé encore hier (mardi, ndlr) pour lui signifier qu'il fallait penser à un échéancier, alors qu'il en avait un auparavant qu'il n'a pas respecté. Donc, on s'est entendu sur le respect des échéanciers", a révélé M. Grine. Mais pourquoi avoir laissé les choses arriver à ce stade de gravité pour interpeller un quotidien à honorer ses créances ? M. Grine ne le dit pas, certes, mais le sous-entendu est flagrant. "Je pense que la patience a des limites. Je n'oblige pas ces imprimeries, auxquelles j'exige une rentabilité, à tirer à perte un journal qui, apparemment, se porte bien. Echourouk assure un grand tirage et des ventes importantes, il possède une chaîne de télévision qui marche bien et, de surcroît, il a un portefeuille de publicité. Je demande amicalement, mais officiellement, au directeur d'Echourouk d'aider ces imprimeries qui sont en train de l'aider en payant ses créances", a martelé le ministre. Et d'avertir : "Je pense que je parle souvent de la presse vertueuse, d'éthique et de professionnalisme. Mais tout cela doit passer d'abord par une gestion saine des finances. Donc, j'appelle Echourouk à trouver une solution avec les imprimeries." En revanche, M. Grine a refusé de commenter la sortie de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) par rapport à cette transgression de la loi électorale. "Je n'ai aucun commentaire à ce sujet. Je sais ce qui me reste à faire. Et je le ferai. J'en ai parlé au directeur d'Echourouk dans le cadre des prérogatives qui me sont dévolues par la loi", a-t-il précisé. FARID BELGACEM