Résumé : Tahar remit son cadeau à Kahina et la somme de le remettre à Mustapha. Un peu embarrassée, la jeune fille finira par accepter. Elle aide son ami à découper le gâteau et à ouvrir ses cadeaux. Le sien sera le dernier. C'était un tableau. Je me hisse sur la pointe des pieds et y jette un coup d'œil, avant de réprimer un cri. Mon propre portrait s'étalait devant mes yeux. Un portrait, fort bien repris par un pinceau magistral. Mustapha s'approche alors de moi et me prend la main. -Kahina, veux-tu m'épouser ? Le mariage eut lieu trois mois plus tard. Malgré l'opposition de mes parents qui me voyaient encore trop jeune pour une telle aventure, je me suis fiée à mes sentiments et à l'empressement de Tahar de me voir unie à Mustapha. Ma vie bascula en quelques jours, je me retrouvais confrontée à mes devoirs d'épouse et de maîtresse de maison. Mustapha, qui avait hérité de l'appartement de ses parents, me propose de le décorer à mon goût. Dès notre retour de vacances, je me mets à courir les magasins pour dénicher des objets décoratifs originaux, afin de donner à notre foyer un relief artistique. Mon mari y tenait, et pour donner l'exemple il avait accroché mon portait dans notre chambre. Ce portrait signé Tahar nous rappellera éternellement les circonstances de notre rencontre et de notre mariage aussi hâtif qu'imprévu. Tahar nous avait aussi offert plein de cadeaux, entre autres un joli berceau en bois qui appartenait à son grand-père, un véritable chef-d'œuvre. Emue jusqu'aux larmes, je le sermonnais pour ce souvenir qui trouverait plutôt sa place dans sa famille. Mais il secoue la tête : -Mes deux enfants rêvent de s'installer sous d'autres cieux. Ils me méritent pas un tel héritage qui aurait fini dans un débarras. J'installe le berceau dans une chambre mitoyenne à la nôtre, et me met à rêver aux enfants que j'aurais plus tard et qui dormiraient dedans. À vrai dire, je savais que cela n'allait pas tarder, et je confirmais ma grossesse quelques semaines plus tard. Fou de joie, Mustapha ne cessait de me mettre en garde contre la fatigue et le surmenage, mais j'étais jeune, en bonne santé, et en dehors des travaux ménagers, j'avais des études à faire et des examens à préparer. Tant que mon état me le permettait, je refusais de décrocher. Six mois passent. J'allais boucler ma troisième année universitaire. Encore quelques semaines, et je pourrai me reposer, d'autant plus que mon accouchement était prévu vers la fin de saison. Mais le hasard s'en mêle encore. Trois semaines avant la date attendue, je mettais au monde une jolie petite fille, que Mustapha, sans mon accord, prénommera Rym. -Pour que le pseudo ne soit pas trop faux !, me lance-t-il en me faisant un clin d'œil. Désormais, il passait une grande partie de ses nuits au chevet de sa fille qu'il adorait. L'été tira sa révérence. L'automne était là, et, tout comme moi, Mustapha reprendra ses études. Il préparait minutieusement son doctorat et travaillait tous les soirs maintenant, dans un institut, où il donnait des cours d'art et d'histoire. Nous vivions plutôt bien. Alors que j'entamais ma dernière année universitaire, ma mère se proposera de garder la petite Rym. Un soulagement pour moi, qui ne pouvais prétendre aux services d'une nourrice. (À suivre) Y. H.