Le chef du Mouvement pour la société de la paix (MSP), Abderrezak Makri, est revenu hier à la charge pour dénoncer la fraude qui a émaillé le scrutin des législatives. Lors d'une conférence de presse conjointement animée avec Abdelmadjid Menasra, élu de l'alliance MSP-FC (Front du changement), à Alger, M. Makri est formel : "Le scrutin de jeudi dernier est entaché d'une fraude organisée et à grande échelle." Même son de cloche chez M. Menasra qui, lui, qualifie les élections législatives d'un "jeu cousu de fil blanc" par le pouvoir. À en croire M. Makri, la fraude serait préméditée aussi bien en amont qu'en aval. Du système de tirage au sort dicté par l'administration pour le choix des représentants des participants à contrôler les bureaux de vote aux "instructions" données aux walis et aux chefs de daïra pour privilégier les partis du pouvoir (FLN-RND), en passant par le changement de dernière minute des encadreurs de certains centres de vote, le bourrage des urnes ou encore les agressions des militants de son parti, M. Makri a énuméré toute une série de faits pour prouver la fraude. Un document distribué à cette occasion aux représentants des médias, démontre que le bourrage des urnes a dépassé l'entendement dans certains centres de vote. À titre d'exemple, dans un centre de Blida, les procès-verbaux (PV) de dépouillement faisaient état de "7 031" voix exprimées avant de passer à "37 178" dans les PV (gonflés) de comptage des voix, soit "30 147" voix de plus. Pour ce qui est du contrôle, M. Makri rappelle que même le ministre de l'Intérieur a reconnu que seuls "29%" des bureaux étaient contrôlés par les participants, entre partis et indépendants. Pour le chef de file de l'alliance des deux partis islamistes, MSP-FC, la fraude a été, en outre, accentuée par le "gonflement" par les autorités du taux de participation. Malgré tout cela, le taux d'abstention a atteint 63%, alors que le nombre des bulletins nuls s'élève à plus de 2 millions. Pour M. Makri, l'alliance islamiste ne serait pas, toutefois, victime de ce fort taux d'abstention, mais bel et bien de la fraude et du manque de sécurisation des centres de vote. Le chef du MSP, faut-il le rappeler, avait, d'ailleurs, déclaré, avant le scrutin, que l'abstention allait arranger sa formation en ce sens qu'elle pouvait compter sur la mobilisation de ses militants. Par ailleurs, et à la question relative à ses critiques envers les boycotteurs, exprimées au lendemain du scrutin, M. Makri a, cette fois-ci, tempéré ses propos. Il a justifié sa diatribe par "le sens du dialogue" qu'il animerait. "Si je me suis adressé aux boycotteurs, c'est parce que je partage avec eux les mêmes analyses de la situation que traverse le pays", a-t-il commenté. Qu'en sera-t-il des prochains choix politiques du MSP, désormais 3e force politique du pays ? S'il a exprimé le souhait de voir sa formation incarner la première force de l'opposition à l'APN, il préfère néanmoins léguer la responsabilité du choix des positions politiques au conseil consultatif qui se réunira très prochainement. Farid Abdeladim