Il faut dire qu'à Oran, la situation est inédite, puisque sur les 18 sièges à pourvoir, 15 sont revenus au FLN et 3 au RND. Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que la contestation des résultats du scrutin des législatives de ce jeudi, à Oran, ne s'organise, au-delà des bannières partisanes. En effet, quelques heures à peine après le dépouillement des bulletins et des premières tendances, 10 à 12 partis, ayant participé à ce scrutin, se sont regroupés en coordination à Oran, avec notamment le MSP, le Front du changement, le PT, le PNA et s'apprêtent à déposer des recours auprès du Conseil constitutionnel. Il faut dire qu'à Oran, la situation est inédite puisque sur les 18 sièges à pourvoir, 15 sont revenus au FLN et les 3 autres restants au RND. Ceci alors que, dans la nuit du jeudi à vendredi derniers, les observateurs se seraient quittés avec une répartition différente, puisqu'un siège devait revenir à la liste de l'alliance HMS-Front du changement. L'un des représentants du MSP à Oran va même plus loin puisqu'il nous dira qu'"on nous a enlevé un siège alors qu'avec les résultats que nous avons, nous aurions même dû en avoir 3". À l'image de nombre de représentants des partis politiques, il dénonce "une fraude massive d'une grossièreté qu'on n'aurait jamais pu imaginer". Pour lui, le FLN, qui a recueilli en 2012, 60 000 voix, soit l'équivalent de 12 sièges, aurait eu ce jeudi, 202 000 voix. "Par quel miracle ? C'est peut-être grâce à son bilan extraordinaire alors que c'est un parti qui vit, depuis 5 ans, au rythme des dissensions internes", s'étonne-t-il. Du côté du PT, aussi, on parle du bourrage des urnes de manière massive ayant abouti à des résultats effarants. "Dans des communes comme Sidi Chahmi, Hassi Bounif et Boutlelis, ça frisait le ridicule avec un nombre des voix pour le FLN multiplié par 10, et parfois dépassant le nombre de votants", a dénoncé un candidat sur la liste du PT. Il semble, selon nombre de nos interlocuteurs, que le bourrage des urnes a été entamé en fin d'après-midi, au vu de tous. D'ailleurs, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux pour le confirmer. Pour l'heure, la coordination s'attèle à préparer les recours et devrait très prochainement tenir une conférence de presse. Par ailleurs, il nous a été aisé, jeudi, de constater par nous-même nombres d'irrégularités ayant entaché le scrutin. C'est vers 16 heures que le mot d'ordre est passé à Oran, pour le bourrage des urnes, sauf que cette campagne de fraude a pris une toute autre tournure, virant à l'incontrôlable. Youcef Hamidi, SG du Parti national algérien (PNA) a affirmé, lors d'une conférence de presse tenue au sein du siège de son parti à Oran, que "ceux qui ont trahi le peuple algérien en manipulant le suffrage et empêché d'autres partis de surveiller les opérations de dépouillement, sont les coupables de ce grave dépassement". Il s'est également interrogé sur la non-publication des résultats détaillés de ces législatives, notamment en matière de bulletins nuls, en s'étonnant également que les procès-verbaux des opérations de dépouillement n'ont pas été émis. Le SG du PNA a par ailleurs exprimé sa "profonde inquiétude" devant l'abstention des citoyens qui, selon lui, ont ouvert la porte à une fraude massive. Plusieurs tentatives de fraude ont été enregistrées principalement dans les localités d'Es Senia, El-Kerma, Gdyel et Boutlélis. Ces derniers ont vu leurs bureaux de vote investis par des personnes étrangères pour bourrer les urnes. Mystérieusement, à ce même moment, des électeurs habitués à voter dans ces bureaux n'ont pas trouvé leurs noms sur les listes électorales. H. Hamdouche/D. Loukil