Une foule imposante de Sétifiens a pris part, hier, contre l'oubli, à la marche de la fidélité pour rappeler la marche du sang d'un certain mardi 8 Mai 1945. Pour les descendants de ceux qui ont manifesté pacifiquement, il y a 72 ans pour la liberté, la mémoire demeure intacte sur ces massacres qui débutèrent contre ces manifestants et se poursuivirent jusqu'à faire près de 45 000 victimes et qui ont ouvert la voie vers la Révolution de Novembre 1954. Désormais une tradition annuelle, la marche de la fidélité s'est ébranlée presque au même moment que la marche mère avec la participation de centaines de citoyens, à leur tête les autorités locales et les moudjahidine. Les organisateurs ont formé des carrés avec, en tête, les jeunes Scouts musulmans, des représentants des corps constitués, la Gendarmerie et la Sûreté nationales, les services des Douanes, les services de la Protection civile, en hommage à ceux qui ont marché un certain 8 Mai 1945, sur le même itinéraire et ont été sauvagement réprimés. Le groupe de scouts portait une gerbe de fleurs pour rappeler les événements sanglants qu'ont vécus les martyrs, Saâl Bouzid et ses compagnons. Les marcheurs ont suivi le même parcours à partir de la mosquée Abi Dhar El-Ghafari (ancienne mosquée de la gare ferroviaire), en passant par l'avenue du 1er Novembre, anciennement Georges Clemenceau, puis la rue du 8 Mai 1945 où une halte a été observée devant la stèle commémorative érigée en hommage à la première victime de ces massacres, Saâl Bouzid. Pour Ahmed Djoudi, 53 ans, parmi les citoyens qui ont pris l'habitude de participer à la marche de la fidélité, "c'est un moment de grande émotion". M. Djoudi a affirmé que même s'il n'a pas vécu les massacres du 8 Mai 1945, "ces événements ont bercé son enfance et les histoires des victimes innocentes réprimées dans une marche pacifique continuent d'alimenter la mémoire collective à Sétif et sa région". Avant l'entame de la marche, les autorités locales, civiles et militaires, accompagnées de moudjahidine, d'anciens walis de Sétif et de l'ambassadeur de la Palestine en Algérie, Louaï Aïssa, se sont rendus au cimetière Sidi-Saïd à la rue Bouaroua, au chef-lieu de wilaya, où ils se sont recueillis devant la stèle commémorative érigée à la mémoire des victimes du 8 Mai 1945, ont lu la Fatiha et déposé une gerbe de fleurs. Sur le site, le président de la Fondation 8 Mai 1945, Abdelhamid Selakdji, a souligné que "ce cimetière englobe deux tombes collectives regroupant entre 21 et 23 martyrs". Les festivités marquant la commémoration du 72e anniversaire du 8 Mai 1945, qui ont débuté dimanche dans la capitale des Hauts-Plateaux, devront se poursuivre jusqu'à aujourd'hui à travers des plusieurs activités, dont le Festival de wilaya des olympiades avec la participation de 4 500 athlètes. R. N.