Résumé : Salah appelle son épouse dans la soirée pour lui annoncer qu'il n'allait pas rentrer. Linda n'est point surprise, car elle connaissait les sales habitudes de son mari. Elle l'entendit rire. - Tu plaisantes bien sûr, ma chérie. - Non. Je t'assure que... - Allons, allons ! Je vais peut-être rentrer plus tôt que prévu. - Quand comptes-tu donc le faire ? - Je ne sais pas encore. Dans un jour ou deux au plus tard. - Bien, Salah. Dans un jour ou deux, nous serons ensemble, et tu me raconteras tes aventures. - Quelles aventures ? Tu fabules, ma puce. Tu fabules. Allez, prends soin de toi, et surtout ne te prive de rien. As-tu pensé à retirer un peu d'argent ? - Pas encore. - Mais qu'attends-tu donc. J'ai signé ces chèques pour toi. - Salah, j'aimerais te demander quelque chose. S'il s'impatientait, Salah ne le démontra point. C'est d'une voix plutôt calme et douce qu'il répondit : - Demande-moi ce que tu veux ma chérie, c'est acquis d'avance. - Eh bien, je veux engager un homme à tout faire. - Quoi ? Un homme à quoi ? - Un homme à tout faire. Quelqu'un qui s'occupera du jardin, fera les courses et entretiendra la maison. - Je vois. Mais pourquoi un homme et pas une femme ? - Je n'ai pas encore découvert la perle rare dans ce domaine, mon cher mari. Par contre, il y a un homme dans le besoin et qui cherche du travail. Un homme bien en tout point, mais très pauvre. Il veut juste un gîte et quelques petits billets à la fin du mois. Et comme tu es constamment absent, j'aurais aussi près de moi quelqu'un qui repoussera les personnes malintentionnées. - Qui est cet homme, Linda ? - Un chômeur qui cherche du travail. - Que connais-tu de lui ? - Pas grand-chose. - Et comment veux-tu engager quelqu'un que tu ne connais pas ? - Eh bien, parce que cet homme inspire confiance. Elle ne pouvait lui parler du mendiant, sans devoir lui parler de l'accident. - Cet homme, que tu ne connais pas, t'inspire confiance ? Je n'arrive pas à te suivre dans tes propos, Linda. - Hier, un jeune homme a tapé à notre porte et m'a demandé si je n'avais pas quelques vieux vêtements à lui offrir... Elle s'interrompt en entendant à l'autre bout du fil le bruit d'une porte qui s'ouvrait suivi d'une voix de femme, sans plus. Pourtant, la communication n'était pas coupée. Salah a dû couvrir le combiné. Au bout de quelques secondes, il reprend avec elle. - Alors tu veux recruter cet homme, Linda ? - Oui. J'aimerais avoir quelqu'un avec moi dans cette grande maison, où je me sens tellement seule et isolée, et puis j'ai la cheville enflée et je n'arrive pas à me déplacer. - La cheville enflée ? Tu t'es foulé la cheville ? - Oui. Je suis tombée et je me suis foulé la cheville. - Tu devrais voir un médecin. - C'est fait. Il m'a prescrit des antalgiques et... Sans lui laisser plus de temps, Salah l'interrompt d'une voix ferme. - Eh bien, fais ce que tu veux ma chérie. Si tu veux recruter cet homme, qu'il en soit ainsi. Seulement, je te conseille de ne pas faire confiance au premier venu, les gens de nos jours sont souvent sans scrupules. Cet homme pourrait abuser de ta bonne foi. "Celui qui abuse de ma bonne foi et de ma confiance, c'est bien toi, espèce de salaud", se dit Linda, avant de conclure : - Je vais le mettre à l'essai dès demain. Nous verrons plus tard s'il fait l'affaire. - OK. Prends soin de toi, ma chérie, je te rappellerai bientôt. Il venait de raccrocher. Linda repose le combiné et se traîne jusqu'à son divan. (À suivre) Y. H.