Le nouveau ministre des Finances a toujours tenu un discours de réformes. Ces dernières années, sous son impulsion, la Direction générale des impôts a mis en œuvre de profondes réformes et s'est rapprochée des pratiques internationales. L'ancien ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, n'a pas survécu à la charge d'Abdelmadjid Tebboune, alors ministre de l'Habitat, qui lui reprochait, il y a quelques jours, d'être à l'origine du retard dans le paiement des entreprises en charge de la réalisation des logements AADL et LPP. Hadji Baba Ammi a été remplacé par Abderrahmane Raouia, ancien directeur général des impôts. Abderrahmane Raouia est l'achétype du grand commis de l'Etat. Diplômé en sciences juridiques de l'Université d'Alger, titulaire d'un diplôme de l'Ecole nationale des impôts de Clermont-Ferrand (France), M. Raouia a entamé sa carrière au ministère des Finances successivement comme administrateur à la direction des études et de la législation fiscale (1985-1987), chef de bureau des Conventions fiscales internationales (1990-1993), sous-directeur des Conventions fiscales internationales (1993-2000) et directeur de la législation fiscale (2000-2003). Il a été, également, expert du Fonds monétaire international (FMI) en République démocratique du Congo de 2003 à 2005. Il a, par la suite, été désigné comme chargé d'études et de synthèse au cabinet du ministre des Finances de 2005 à 2006, puis directeur général des impôts depuis juin 2006 jusqu'à sa nomination, jeudi, à la tête du ministère des Finances. M. Raouia connaît, donc, parfaitement le secteur et la situation financière du pays. La chute brutale du prix des hydrocarbures a révélé la grande vulnérabilité des finances publiques. En effet, malgré la dépréciation du dinar, la fiscalité pétrolière a chuté de 7,9% en 2014 et de 32,9% en 2015. Cette baisse des revenus budgétaires a entraîné l'un des plus importants déficits budgétaires que le pays ait connu depuis au moins quinze ans, ainsi qu'une contraction importante de l'encours du Fonds de régulation des recettes (FRR). Les véritables sources de cette vulnérabilité budgétaire sont liées à la nature du modèle de fonctionnement de l'économie largement dépendant des hydrocarbures (32% de la production brute de l'économie et prépondérance des exportations des hydrocarbures) et de la dépense budgétaire (60% des revenus budgétaires de l'Etat). Le soutien de la politique budgétaire dans cette conjoncture pétrolière défavorable nécessite, donc, des ajustements qui confèrent plus de rigueur aux dépenses publiques et plus de rendement fiscal. Le nouveau ministre des Finances a toujours tenu un discours de réformes. Ces dernières années, sous son impulsion, la Direction générale des impôts a mis en œuvre de profondes réformes et s'est rapprochée des pratiques internationales, convergentes, en se transformant en une administration de services pour mieux prendre en compte les attentes et les exigences des contribuables et de la société. L'administration fiscale, partie prenante du secteur financier, a mené un chantier de modernisation de grande envergure avec pour principales orientations de restructurer ses services, de simplifier ses procédures et d'améliorer sa performance. Mais beaucoup reste à faire pour pallier certaines insuffisances du système fiscal et atteindre l'objectif du gouvernement qui table sur une couverture totale du budget de fonctionnement de l'Etat par la fiscalité ordinaire à partir de 2020. C'est aussi cette transition fiscale que M. Raouia doit réussir. La réforme du système bancaire doit être reprise, car elle est rendue nécessaire par le retour à une situation de manque structurel de liquidité au sein du secteur. Le développement des marchés de capitaux s'impose en mettant en œuvre toutes les mesures nécessaires pour assurer le développement des marchés de capitaux dans notre pays. La raréfaction relative et le renchérissement de la liquidité bancaire impose, en effet, aux entreprises de trouver des formes alternatives de financements, que ce soit en dette (obligations), ou en fonds propres (fonds de capital investissement, introduction en Bourse). Meziane Rabhi