La composante et le dosage de son gouvernement semblent répondre à une situation d'urgence pour ne pas dire une composition improvisée certainement après l'échec du plan incluant le MSP qui a faussé les calculs. Le nouveau Premier ministre inscrit l'action de son équipe, nommée ce jeudi, dans la continuité de celle de son prédécesseur. Pas de changement notable, d'ailleurs, dans la composante du nouvel Exécutif avec l'entrée attendue de TAJ et du MPA. Quatre walis font leur entrée dans l'Exécutif, donnant ainsi l'image d'un gouvernement administratif. Ainsi, Abdelmalek Sellal qui a mené les consultations avec les partis est sorti bredouille avec le refus du MSP d'intégrer le gouvernement. Un dernier échec qu'il partagera cependant avec deux ministres qui ont fait cavalier seul, Abdeslam Bouchouareb et Hamid Grine, alors que Ramtane Lamamra a payé la contestation de son costume trop étroit à la tête d'un département bicéphale. Pour les nouveaux ministres, des novices dans un contexte de crise, ils se contenteront de rôle de seconds couteaux, le président ayant préféré garder en place les titulaires des ministères régaliens, l'Intérieur, la Justice, la Défense, l'Education et l'Enseignement supérieur. Du côté des partis politiques, hormis le retour de TAJ et du MPA, le RND a perdu un poste (Abdeslam Bouchouareb) pour se retrouver avec trois ministres qui rempilent, Tayeb Zitouni, Mebarki et Mihoubi, alors que son allié et rival, le FLN, a opté pour la poursuite de la campagne de "dé-saadanisation" du parti remettant sur selle Taher Khaoua qui reprend son poste de ministre chargé des relations avec le Parlement qu'il avait quitté sous la pression de l'ancienne direction du parti et la menace du groupe parlementaire conduit par le député de Tébessa, Mohamed Djemai, qui, d'ailleurs, a repris sa place de chef du groupe du parti à l'APN. Un autre ministre fait aussi son retour. Il s'agit de Hocine Necib qui reprend le même poste dont il a été démis, les ressources en eau, lors du dernier remaniement du gouvernement Sellal. Le FLN demeure encore majoritaire au sein du gouvernement. Mais appelé à composer avec, à la fois, des partis mais surtout des walis promus ministres qui demeurent, en définitive, des "administrateurs", des exécutants de projets élaborés par le gouvernement qu'ils valident et dont ils suivent l'exécution. Difficile alors de les imaginer élaborer une politique sectorielle, eux, qui sont rompus à être des exécutifs locaux. Par ailleurs, le recadrage des priorités, selon les premières déclarations de M. Tebboune, même s'il l'inscrit dans le cadre de la poursuite de l'action de son prédécesseur, la tâche risque d'être difficile pour les nouveaux promus à l'Energie, au Commerce et à l'Industrie ; trois secteurs-clés pour amorcer la diversification de l'économie, sachant que leur gestion obéit souvent à des considérations plus politiques que pragmatiques ou économiques. Ainsi, malgré les déclarations d'intention de M. Tebboune, la composante et le dosage de son gouvernement semblent répondre à une situation d'urgence pour ne pas dire une composition improvisée certainement après l'échec du plan incluant le MSP qui a faussé les calculs. D'où la promotion de quatre walis alors que le gouvernement issu de la première législative post-révision de la Constitution, devait être exclusivement pour ne pas dire majoritairement politique. Reste maintenant à savoir si M. Tebboune a les capacités à mettre en cohérence tous ces éléments venus de divers horizons. En attendant de prendre connaissance de sa feuille de route qu'il a d'ores et déjà promis de présenter devant le Parlement dans les prochains jours. Cela dit, il dispose déjà d'une large marge de manœuvre, avec une majorité qui le soutient et des ministres "bloquants" et agissant en solo désormais hors de son équipe. Un atout majeur. Djilali B.