Le bureau d'Alger du National Democratic Institute (NDI), organisme américain non gouvernemental investi dans la promotion de la démocratie dans le monde, a présenté, hier, au siège de la Fondation Friederich-Ebert, les mesures spéciales à initier pour améliorer la représentativité féminine dans les centres de décision. Julie Denham, représentante de NDI dans notre pays, a indiqué que l'action de son organisation, articulée autour du concept “Gagner avec les femmes, renforcer les partis politiques” a été relayée en Algérie par des femmes parlementaires, des leaders d'associations féminines et des militantes de partis politiques (FLN, MSP, El-Islah, FFS, RCD et FNA). Ce panel a préparé une série d'amendements à apporter aux lois organiques portant respectivement régime électoral et organisation des partis politiques afin de consacrer le principe de quotas, réservés aux femmes, pour les mandats électoraux et les postes à haute responsabilité politique. Ces amendements ont été adressés aux présidents des partis politiques et au Chef du gouvernement, accompagnés d'une lettre de soutien de la présidente du conseil d'administration de NDI Madeleine All Bright. “Ces mesures spéciales seront abandonnées dès que l'égalité des chances d'accès aux postes de responsabilité est consacrée”, a précisé Julie Denham. Nadia Aït Zaï, juriste et directrice du Centre d'information et de documentation sur les droits des enfants (CIDDEF), a revisité toutes les actions entreprises par les femmes de par le monde pour la défense et la promotion de leurs droits. Elle est entrée ensuite dans le vif du sujet en rappelant que l'expérience de la parité, tentée récemment en France, a échoué à cause d'un blocage juridique objectif. Le Conseil constitutionnel français a rejeté l'amendement inhérent à la parité, proposé à la loi électorale par des parlementaires socialistes, au motif qu'il est en contradiction avec les dispositions de la loi fondamentale qui ne s'accommodent pas d'un quelconque favoritisme. “C'est ce qui risque d'arriver en Algérie. Il nous faut donc trouver autre chose”, a-t-elle suggéré. Pour la juriste, il est plus judicieux de faire campagne pour la parité et le système de quotas en amont, c'est-à-dire en direction de la classe politique. Il faudra alors amener les partis à appliquer ce principe à la phase d'établissement des listes électorales et aussi par la désignation de nombreuses femmes dans leurs structures dirigeantes. Elle a proposé, par ailleurs, de suivre l'exemple français en introduisant dans la Constitution un article qui favoriserait “l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives”. Kahina Bouagache, élue locale du FFS, s'est étalée, pour sa part, sur les expériences réussies en matière d'application du système de quotas en Afrique et dans le monde arabe. Elle a commencé par soutenir qu'en 60 ans, la présence des femmes dans les institutions parlementaires n'a pas vraiment évolué. Elle est passée de 3% en 1945 à 15% en 2004. Elle a affirmé que le Rwanda est classé, grâce au combat du mouvement féminin qui a commencé en 1952, en tête des pays (à l'échelle mondiale) les mieux représentatifs de l'accession des femmes au statut de parlementaire. Les Rwandaises occupent près de 49% des sièges de la Chambre basse et 34% des sièges du Sénat. En Jordanie, c'est la volonté de la famille royale qui a permis aux femmes d'assumer des charges importantes au gouvernement et autres institutions. La députée FLN Samia Moualfi et son homologue à la Chambre des représentants marocaine Fatima Benmoudden ont fait un exposé non exhaustif sur les actions entreprises en la matière dans les deux pays respectifs, leur impact sur le terrain et les projets pour les prochaines élections législatives et locales. S. H.