Pour sa 23e édition, le Centre Nord-Sud a choisi la thématique de la migration sous l'intitulé : "Interconnecter les personnes : gérer les migrations, prévenir le populisme, construire des sociétés inclusives et renforcer le dialogue Nord-Sud". Le Forum s'est tenu les 1er et 2 juin au centre Ismaeli de Lisbonne, en présence d'experts, de représentants des gouvernements nationaux, des Parlements, des autorités locales et de la société civile. Une condition pour que ces quatre organes de décision et de propositions soient représentés au sein de chaque délégation. L'Algérie, qui vient juste d'adhérer en tant que membre à part entière, avait auparavant un statut d'observateur (lire encadré). Dès l'entame des travaux ouverts par Augusto Santos Silva, ministre portugais des Affaires étrangères, le ton est donné pour situer l'importance du problème de la migration comme un des défis de ce siècle, en turbulence. Le ministre a plaidé pour des actions collectives, en faisant participer toutes les parties du Sud et du Nord. Mais avant tout, il faut d'abord apprendre à "se regarder face à face et travailler côte à côte", a-t-il déclaré. La secrétaire générale adjointe du Conseil de l'Europe a, quant à elle, mis l'accent sur le danger que représente le populisme qui a le vent en poupe, partout en Europe. "Il (le populisme) prend racine et gagne du terrain", avertit-elle. Le vivre-ensemble devient difficile face à la montée des nationalismes extrémistes qui ne reconnaissent plus les organes institutionnels des pays et de l'Union européenne. Ces extrémismes sont parfois portés par des gouvernements dans certains pays. Le flux migratoire vers l'Europe, qui s'élève à plus de 3 millions depuis 2015, est devenu une véritable hantise pour les pays d'accueil et une bénédiction pour les partis populistes qui l'utilisent comme fonds de commerce en période électorale. Le Front national en France en est un exemple patent avec son discours xénophobe et islamophobe. Surfant sur la fragilité d'une partie de la population touchée par la crise économique, le chômage, ces partis d'extrême droite améliorent leurs scores électoraux face aux partis traditionnellement sociaux-démocrates. D'où la thématique sur le comment gérer cette migration mais surtout comment prévenir même la montée du populisme ? Les participants ont relevé que le rôle de la société civile est indispensable et déterminant du moment que le politique devient impuissant sur le terrain. La société civile a la latitude de mener un travail de proximité dans un cadre associatif moins contraignant et plus libre des entraves de procédures bureaucratiques, d'une part. Il est aussi nécessaire de renforcer le dialogue Nord-Sud avec des actions concrètes comme participer au développement des économies des pays d'Afrique, d'où les ressortissants qui migrent, fuyant les guerres et le quotidien difficile, au péril de leur vie, d'autre part. Plusieurs participants des pays du Sud ont demandé à ce que l'on fasse un distinguo entre les migrants poussés par la misère et ceux qui ont quitté leurs pays et leurs maisons à cause de la guerre (Syrie, Irak, Libye...) qui n'est qu'une migration temporelle. Un Syrien n'aurait jamais quitté son pays pour un autre où il se retrouve parqué au milieu de barbelés. Le représentant du gouvernement algérien, qui est intervenu, a relevé l'absence des représentants de la société civile dans les délégations des pays membres de l'UE comme il a souhaité la présence des jeunes et des femmes pour que le dialogue sorte des arcanes politiques étroits. De Lisbonne : Abrous Outoudert