Quelque peu neutre au début de la crise, le président américain Donald Trump s'est carrément rangé vendredi soir du côté de l'Arabie Saoudite et ses alliés en exhortant le Qatar à arrêter "immédiatement" de financer "le terrorisme", d'où la satisfaction de Riyad et Abou Dhabi. "La nation du Qatar, malheureusement, a historiquement financé le terrorisme à un très haut niveau", a accusé Donald Trump lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche. "Il doit mettre un terme à ce financement et à son idéologie extrémiste en matière de financement", a souligné le président américain, avant d'ajouter : "Je veux demander à toutes les nations d'arrêter immédiatement de soutenir le terrorisme. Arrêter d'enseigner aux gens de tuer d'autres gens." Ces déclarations constituent un coup de massue du président américain au Qatar, déjà acculé dans ses derniers retranchements, après que l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, l'Egypte et le Yémen aient rompu lundi leurs relations diplomatiques avec cet émirat. Donald Trump vient conforter les accusations de soutien au terrorisme proférées par ces pays contre le Qatar, même si son chef de la diplomatie a tenté d'adoucir la pilule en se montrant plus conciliant avec le Qatar, qu'il a appelé à de nouveaux progrès dans la lutte antiterroriste. Rex Tillerson a aussi demandé à l'Arabie Saoudite et ses alliés à alléger le blocus, déplorant ses conséquences humanitaires sur la population et soulignant qu'"il gênait la lutte contre le groupe autoproclamé Etat islamique". Il va sans dire que les déclarations de Donald Trump ont été accueillies avec une grande satisfaction à Riyad, Abou Dhabi et Manama. Citant une source officielle, l'agence de presse officielle saoudienne SPA a fait part hier du bon accueil de ces propos par le royaume. "Combattre le terrorisme et l'extrémisme n'est plus un choix, mais plutôt un engagement qui demande une action rapide et décisive contre leurs sources de financement, comme l'a préconisé le sommet (de Riyad)", a indiqué cette source. Quant à l'ambassadeur émirati à Washington, Youssef al-Otaïba, il a affirmé à l'agence officielle WAM, que Donald Trump avait fait preuve de "leadership" dans ses propos contre le Qatar et "son soutien troublant à l'extrémisme". "Le Qatar doit maintenant s'engager à réexaminer ses politiques régionales", a déclaré Youssef al-Otaïba. De son côté, le royaume de Bahreïn a "loué" les déclarations du président américain, selon l'agence officielle BNA, et souligné que le Qatar devait désormais "s'engager de manière transparente dans des efforts de contre-terrorisme". Six jours après le choc de la rupture brutale des relations par l'Arabie Saoudite et ses alliés avec le Qatar, Doha poursuit sa quête de soutien à l'étranger par le biais de son ministre des Affaires étrangères, qui a entamé un véritable périple dans plusieurs pays. Après une visite surprise en Allemagne vendredi, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani s'est rendu hier à Moscou dans l'espoir d'arracher des soutiens internationaux. Pendant ce temps, Riyad et ses alliés resserraient l'étau autour du Qatar en appliquant les mesures prises à son encontre dans tous les domaines. Merzak Tigrine