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Séisme diplomatique au Moyen-Orient : L'Arabie et ses alliés rompent avec le Qatar
Publié dans Le Maghreb le 06 - 06 - 2017

Quinze jours après la visite à Ryad de Donald Trump qui avait exhorté les pays musulmans à se mobiliser contre l'extrémisme, les pays du Golfe semblent avoir bien retenu le cours où ils se sont mobilisés pour l'appliquer.
En effets, trois Etats du Golfe, dont l'Arabie saoudite, et l'Egypte ont rompu lundi avec le Qatar, accusé de soutenir le "terrorisme", et décidé de l'isoler en fermant leurs frontières avec ce riche émirat. Le Qatar a réagi avec colère en accusant à son tour ses voisins du Golfe de vouloir le mettre "sous tutelle" et de l'étouffer économiquement. La Bourse de Doha a chuté de 8% à l'ouverture des transactions. La rupture des relations, annoncée avant l'aube, a provoqué une réaction mesurée de Washington qui a invité les pays du Golfe à rester "unis". Le Qatar, qui se targue de jouer un rôle régional et d'avoir été choisi pour organiser le Mondial-2022 de football, a également été exclu de la coalition militaire arabe qui combat des rebelles pro-iraniens au Yémen. Cette dernière mesure a été saluée par le gouvernement du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi qui a aussi rompu avec Doha. Il l'accuse de soutenir --malgré sa participation à la coalition arabe-- ses adversaires, les rebelles Houthis. Cette crise diplomatique est la plus grave depuis la création en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. Ryad, Abou Dhabi et Manama ont justifié la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar par son "soutien au terrorisme", y compris Al-Qaïda, le groupe Etat islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans. "Le Qatar accueille divers groupes terroristes pour déstabiliser la région, comme la confrérie des Frères musulmans, Daech (acronyme en arabe de l'EI) et Al-Qaïda", a souligné Ryad. Selon l'Arabie, Doha soutient aussi "les activités de groupes terroristes soutenus par l'Iran dans la province de Qatif (est)", où se concentre la minorité chiite du royaume saoudien, ainsi qu'à Bahreïn, secoué depuis plusieurs années par des troubles animés par la majorité chiite de ce pays. Ryad et Téhéran ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016 à la suite de l'exécution d'un chef chiite en Arabie.

Injustifiable
Le Qatar a rejeté une décision "injustifiée" et "sans fondement". Elle a été prise "en coordination avec l'Egypte" et a un "objectif clair: placer l'Etat (du Qatar) sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté" et est "totalement inacceptable", a affirmé le ministère des Affaires étrangères à Doha. Le Qatar "n'interfère pas dans les affaires d'autrui" et "lutte contre le terrorisme et l'extrémisme", a-t-il précisé. L'émirat prendra "les mesures nécessaires pour mettre en échec les tentatives d'affecter sa population et son économie", a ajouté le ministère.

Les vols vers et en provenance du Qatar suspendus
Les grandes compagnies aériennes Emirates, de Dubaï, et Etihad, d'Abou Dhabi, ont annoncé la suspension de tous leurs vols vers et en provenance du Qatar à partir de mardi matin "jusqu'à nouvel ordre". Les diplomates du Qatar ont 48 heures pour quitter leurs postes dans ces pays. Les citoyens qataris ont pour leur part 14 jours pour partir d'Arabie saoudite, des Emirats et de Bahreïn, et les ressortissants de ces trois pays se voient interdire de se rendre au Qatar. L'Egypte a annoncé la fermeture des frontières "aériennes et maritimes" avec le Qatar qui, selon son ministère des Affaires étrangères, "insiste à adopter un comportement hostile vis-à-vis" du Caire. Dans des communiqués séparés, les compagnies émiraties Etihad Airways, Emirates et flydubai précisent que la suspension des vols avec le Qatar entrera en vigueur mardi matin "jusqu'à nouvel ordre". Les trois compagnies affirment assurer leurs vols prévus lundi et proposer à leurs clients "d'autres options", y compris des remboursements complets de billets d'avions. Elles présentent leurs excuses pour "la gêne" causée par la suspension de leurs vols en direction du Qatar. Saudia, le transporteur national saoudien a également annoncé la suspension à partir de ce lundi matin de tous les vols à destination et en provenance du Qatar. Qatar Airways a à son tour annoncé la suspension de tous ses vols vers l'Arabie saoudite. La fermeture par le royaume saoudien, les Emirats et Bahreïn de leur espace aérien avec le Qatar devrait affecter le trafic aérien avec ce pays, par lequel transitent quotidiennement de nombreux passagers en provenance ou vers les trois voisins du Qatar. Qatar Airways a annoncé lundi la suspension de ses vols vers l'Arabie saoudite, dont le transporteur national Saudia a pris une mesure similaire pour ses vols vers le Qatar après la rupture par Ryad de ses relations diplomatiques avec Doha, accusé de soutien au "terrorisme".
Aux Emirats arabes unis, qui ont également rompu avec le Qatar en même temps que Bahreïn, les compagnies aériennes Etihad, Emirates et flydubai ont pour leur part annoncé la suspension à partir de mardi de leurs vols en provenance et à destination du Qatar.

Appel de Trump
Cette crise intervient alors que les autorités qataries ont affirmé la semaine dernière avoir été victimes de "hackers" ayant publié sur le site internet de l'agence de presse officielle QNA de faux propos attribués à l'émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. Ces propos controversés rompaient avec le consensus régional sur plusieurs sujets sensibles, notamment l'Iran, vu comme un allié stratégique alors qu'il vient d'être accusé par l'Arabie saoudite d'être "le fer de lance du terrorisme". Ils contenaient aussi des commentaires négatifs sur les relations entre l'administration de Donald Trump et le Qatar, pourtant un proche allié des Etats-Unis.
La visite du président Trump à Ryad, son premier déplacement à l'étranger, avait été couronnée par la signature d'un accord sur "une vision stratégique" pour renforcer les relations économiques et de défense entre le royaume saoudien et les Etats-Unis. Dans un discours le 21 mai à Ryad devant des dirigeants du monde musulman, M. Trump avait appelé à "chasser" les extrémistes et "les terroristes", en référence aux groupes jihadistes, auteurs d'attaques dans plusieurs pays.
Il avait aussi demandé à la communauté internationale "d'isoler" l'Iran. Le Qatar s'est plaint d'être victime d'une campagne hostile, notamment aux Etats-Unis, concernant son soutien présumé aux groupes islamistes. La dernière crise ouverte dans le Golfe remonte à 2014 lorsque trois pays du CCG (Arabie, Bahreïn et Emirats) avaient rappelé leur ambassadeur à Doha pour protester contre le soutien présumé du Qatar aux Frères musulmans.

Les mesures prises contre le Qatar
L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont pris un train de mesures visant à isoler le Qatar:
- Rupture immédiate des relations diplomatiques avec le Qatar, Bahreïn et les Emirats ordonnant à leurs diplomates de quitter Doha dans les 48 heures. En 2014, les trois pays avaient rappelé leurs ambassadeurs à Doha pour protester contre le soutien du Qatar aux Frères musulmans.
- Fermeture des espaces aériens des trois pays aux vols de la compagnie aérienne du Qatar, suspension des liaisons aériennes et maritimes avec ce pays dans les 24 heures.
Les compagnies Etihad, Emirates et flydubai des Emirats arabes unis ont suspendu les vols sur Doha à partir de mardi matin. Qatar Airways a pour sa part suspendu ses liaisons avec l'Arabie saoudite, dont la compagnie nationale Saudia a pris une mesure similaire.
- Fermeture de la frontière terrestre de l'Arabie saoudite avec le Qatar, ce qui bloque les importations de biens par voie terrestre du Qatar à travers l'Arabie saoudite.
- Interdiction pour les ressortissants des trois pays de se rendre au Qatar.
- Il a été demandé aux ressortissants du Qatar, visiteurs ou résidents permanents dans les trois pays, de partir dans un délai de 14 jours. Cette mesure contredit un accord sur la libre circulation au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG: Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar).
- Seuls les pèlerins du Qatar peuvent se rendre sur les lieux saints musulmans en Arabie saoudite.

Tillerson appelle les pays du Golfe à rester unis
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a appelé lundi les pays du Golfe à tenter de régler leurs divergences et à rester unis après la rupture des relations diplomatiques avec le Qatar. "Certainement, nous encouragerions les parties à s'asseoir et à parler de ces divergences", a-t-il déclaré à Sydney. L'Arabie saoudite, l'Egypte, Bahreïn et les Emirats arabes unis ont tour à tour annoncé lundi la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusé de "soutien au terrorisme", y compris Al-Qaïda, le groupe Etat islamique (EI) et les Frères musulmans.
"Si nous avons un rôle à jouer pour les aider à affronter (leurs différends), nous pensons qu'il est important que le CCG (Conseil de coopération du Golfe) reste uni", a ajouté M. Tillerson.
Le secrétaire d'Etat américain a cependant déclaré qu'il ne s'attendait pas à ce que cette crise "ait un impact significatif, ou d'impact du tout, sur le combat uni contre le terrorisme dans la région et dans le monde".
"Toutes ces parties que vous avez mentionnées se sont montrées tout à fait unies dans le combat contre le terrorisme et contre l'EI, et l'ont exprimé le plus récemment lors d'un sommet à Ryad", a-t-il ajouté.

Le Conseil des pays du Golfe, une fragile unité à l'épreuve
Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont l'unité a volé en éclats lundi après une crise sans précédent avec le Qatar, regroupe des monarchies pétrolières sunnites qui contrôlent le tiers des réserves mondiales de brut. Le CCG, qui comprend aussi le Koweït et le sultanat d'Oman, a vu le jour en mai 1981 en pleine guerre entre l'Irak et l'Iran et deux ans après le triomphe de la révolution islamique à Téhéran qui menaçait de s'exporter dans les monarchies sunnites du Golfe. Les pays du CCG comptent quelque 50 millions d'habitants, dont la moitié sont des étrangers, selon des statistiques du secrétariat général de ce groupement régional. Sur le plan politique, seuls deux pays disposent de Parlements élus: le Koweït et Bahreïn. Les autres ont des conseils en partie élus, sauf en Arabie saoudite et au Qatar, mais qui n'ont qu'un rôle consultatif. Les partis politiques sont bannis dans les six monarchies. Le CCG dispose d'une force militaire commune, le "Bouclier de la péninsule", qui avait toutefois été incapable de prévenir l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990. Après la libération du Koweït en 1991 par une coalition conduite par Washington, les Etats du CCG ont signé individuellement des accords de défense notamment avec les Etats-Unis qui, selon le Pentagone, comptent 35.000 militaires dans la région du Golfe. Des troupes du "Bouclier de la Péninsule" se sont déployées en mars 2011 à Bahreïn pour protéger les installations vitales de ce pays en proie à un mouvement de contestation dirigé par des chiites. En dépit d'efforts d'intégration économique, le CCG n'a pas réussi à instaurer une union monétaire et un marché commun alors que l'union douanière progresse à petits pas. Il a instauré la liberté de circulation des citoyens et des capitaux mais des restrictions demeurent sur des centaines d'activités économiques. Les économies des pays membres sont lourdement dépendantes du pétrole, dont les Etats tirent environ 90% de leurs revenus. Les six pays, dont quatre sont membres de l'Opep, pompent actuellement 17 millions de barils par jour, soit environ 18% de la production mondiale et 55% de celle du cartel pétrolier. Pour pallier la baisse de leurs recettes pétrolières consécutive à l'effondrement des cours du brut, réduits de moitié depuis la mi-2014, les Etats du CCG ont prévu d'appliquer à partir de 2018 une TVA de 5%. Le PIB combiné de ces pays, qui avait atteint 1.600 milliards de dollars en 2012, a baissé fin 2016 à 1.370 milliards, selon le Fonds monétaire international. Le revenu moyen par tête d'habitant dans les six membres du CCG est d'environ 27.400 dollars. Les avoirs placés à l'étranger par ces pays sont estimés actuellement à 2.400 milliards de dollars.


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