Voulant visiblement inaugurer une nouvelle ère de rapport apaisée avec la corporation, en rupture avec l'attitude hautaine de son prédécesseur, le nouveau ministre de la Communication donne déjà le ton. Après avoir marqué une période d'observation depuis son intronisation en tant que ministre de la Communication, Djamel Kaouane semble décidé à assainir l'héritage que lui a légué son tonitruant prédécesseur, Hamid Grine. Et cette opération passe inéluctablement par la réalisation d'un diagnostic du secteur afin de détecter les éventuels failles dans la gestion d'un ministre qui n'a jamais réussi à créer l'unanimité autour de lui auprès des professionnels des médias. Le nouveau ministre exprime ainsi sa volonté de changer les choses, si l'on se réfère aux quatre communiqués de presse rendus publics hier en simultané par ses services et qui évoquent les actions urgentes à mener. Première cible de ce check-up, la carte de presse professionnelle délivrée du temps de Hamid Grine aux journalistes. Des soupçons pèsent en effet quant à la destination de cette carte professionnelle qui aurait bénéficié à des personnes qui n'ont aucun lien avec la corporation. Kaouane a, d'ailleurs indiqué avoir instruit les services de l'administration centrale de son département "pour procéder à un audit permettant de vérifier l'authenticité des informations ayant servi à faire valoir la qualité de journaliste professionnel". D'après les explications du ministre, "cet audit permettra d'éviter que la carte de journaliste professionnel ne se trouve entre les mains d'indus détenteurs, notamment du fait éventuel de la remise aux services concernés de vrais-faux documents reconnaissant, au sein de certains titres, le statut de journalistes à des personnes qui ne le sont pas". Le contenu du communiqué du ministère de la Communication confirme ainsi, tout au moins, les soupçons qui ont entouré la délivrance de cette carte de journaliste professionnel. Le fait qu'il ait demandé l'assainissement de ce fichier constitue une preuve que quelque chose n'a pas été nette dans l'octroi de la carte de presse. Voulant inaugurer une nouvelle ère de rapport apaisée avec la corporation, en rupture avec les pratiques et comportements de son prédécesseur, le ministre de la Communication a décidé de mettre à jour le site officiel de son département afin, explique-il, de faciliter la tâche aux journalistes dans l'accès aux informations émises par le ministère. "Les représentants de la presse et de l'ensemble des médias publics et privés sont informés que le ministère de la Communication a procédé à une innovation qui devrait conforter l'ensemble des acteurs médiatiques, et ce, du fait de la grande fluidité qu'elle confère à la circulation de l'information", a annoncé le ministère dans le second communiqué diffusé hier. Le ministère communiquera donc désormais également par le biais de son site institutionnel (http://www. ministerecommunication.gov.dz), mais aussi à travers Facebook et Twitter. Autre remise en cause de l'héritage Grine, l'affaire de la Maison de la presse de Tizi Ouzou, inaugurée en 2015 mais dont les portes sont restées fermées. M. Kaouane affirme avoir instruit les services de son département pour s'enquérir auprès des autorités locales de cette wilaya de la situation de cet édifice. Kaouane entame donc sa mission sur les chapeaux de roue, mais la corporation l'attend surtout sur les véritables chantiers liés au secteur, à savoir l'organisation de la profession, la mise en place de l'autorité de régulation de la presse écrite, la confection du cahier des charges pour les chaînes de Tv et la promulgation de la loi sur la publicité. Hamid Saïdani