À l'appel du comité de soutien Bgayet/Rif, des centaines de citoyens ont observé, avant-hier soir, à la place Saïd-Mekbel, un rassemblement de soutien à la population du Rif marocain. Dès 21h, des citoyens commençaient à affluer vers le lieu de la manifestation. Des militants progressistes, associatifs, des syndicalistes, des artistes, des chanteurs, des poètes, des écrivains d'expression amazighe ont pris part à ce rassemblement. La manifestation, coïncidant avec le 16e anniversaire de la marche historique du 14 juin 2001 du mouvement citoyen de Kabylie, des bougies ont été allumées à la mémoire des martyrs du Printemps noir. Une banderole géante sur laquelle on pouvait lire en tamazight "Tillelli Tillelli I Yemdukal N Zefzafi" et "Am Bgayet am Rif, yiwen ughilif" a été arborée par les organisateurs. Avant que les intervenants ne se relayent au micro, le modérateur du rassemblement, Yanis Adjlia, militant associatif, annonce à l'assistance qu'un militant du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), Arezki M., vient d'être arrêté par les services de sécurité. Il sera remis en liberté quelques heures après. Les organisateurs exigent sa libération immédiate avant de céder la parole aux différents intervenants. Le premier à intervenir est un membre du comité organisateur de l'action, l'universitaire Mourad Ouchichi, pour lire la déclaration du comité. "Depuis plusieurs mois, la population du Rif, région amazighophone du Nord-Est marocain, proteste pacifiquement pour des revendications socioéconomiques et identitaires. Victimes d'une marginalisation totale par le Makhzen, les Rifains vivent un déni de justice depuis des décennies. (...) Leur cri de détresse s'exprime à travers un mouvement démocratique et populaire qui, malgré les multiples attaques et intimidations dont il est l'objet, a su et pu garder son caractère pacifique", lit l'intervenant avant d'ajouter que "la population marocaine du Rif n'est pas sans nous rappeler la stratégie du chaos appliquée par le régime algérien en Kabylie, au M'zab et dans d'autres régions de notre pays. C'est dire combien la nature liberticide des deux régimes marocain et algérien, instaurés sans nos peuples et souvent contre eux, sont des dangers à la stabilité de notre région". Pour le Café littéraire de Béjaïa, "aujourd'hui, il est de notre devoir d'exprimer notre solidarité agissante envers une population en lutte jusqu'à ce que ses revendications trouvent satisfaction. Tout comme nous devons agir pour faire des pays de l'Afrique du Nord une terre de démocratie, de liberté, de progrès, de modernité et complètement débarrassée de l'idéologie arabo-islamique (...)". De son côté, le comité de solidarité avec les travailleurs de Béjaïa déclare son "soutien d'une manière indéfectible aux revendications légitimes du Maghreb des peuples en lutte, en particulier le Rif marocain" et exige "la libération des détenus politiques". Boudjemaâ Agraw et Akli D., Djamal Ikhloufi du comité organisateur, des militants du RCD, du Front de l'avenir, des membres du Snapap, de la Laddh, du comité de soutien aux travailleurs de Cevital, Aziz Tari et le député Khaled Tazaghart sont intervenus pour apporter leur soutien au combat des Rifains et exiger "la libération des détenus". "Il est temps d'investir dans la solidarité amazighe et de transcender les frontières", déclare Djamel Ikhloufi. Quant au député Khaled Tazaghart, il déclare qu'il soulèvera en plénière de l'APN la question du mouvement rifain. Djamel Alilat, du journal El Watan, arrêté récemment au Maroc, témoigne que "les Rifains attendent beaucoup du soutien de la Kabylie. Ils nous regardent, nous les Kabyles, comme leurs frères aînés". Les organisateurs ont informé qu'un rassemblement similaire de soutien au combat des Rifains est organisé simultanément à Zouara, en Libye. L. OUBIRA