Beaucoup d'agriculteurs trouvent moins important d'assurer leur production. Ils veulent avoir l'assurance de pouvoir demander réparation en cas de problème, de catastrophe... Cela, la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA) en est consciente. Evidemment, le peu d'engouement pour l'assurance (un taux de pénétration de seulement 21%) a un coût. Et cela transparaît dans les bilans sociaux que la CNMA a approuvés en assemblée générale tenue jeudi dernier à Alger. En 2016, le chiffre d'affaires n'a augmenté que de 2% à 13 milliards de dinars. Il se situait autour de 12,5 milliards de dinars en 2015. Cette évolution, il faut cependant la relativiser, la placer dans le contexte plus général de l'offre et de la demande du marché national des assurances qui s'est accru de 0,8% seulement en 2016. Le marché s'est contracté sous l'effet de la crise que vit le pays depuis mi-juin 2014. Intervenant lors de cette réunion, le directeur général de cette institution, Chérif Benhabilès, s'est attardé sur la conjoncture économique. Mais au tableau de la CNMA, il n'y a pas que des zones grises, l'institution a réussi tout de même à tirer vers le haut certains agrégats financiers. Il en est ainsi pour les sinistres déclarés. Ceux-ci sont passés de 7,240 milliards de dinars en 2015 à 7,383 milliards de dinars en 2016, soit une hausse de 1%. Les indemnisations, quant à elles, ont atteint 6,803 milliards de dinars en 2016 contre 6,719 milliards de dinars en 2015, en hausse de 1,25%. Autre bon chiffre dont fait état le bilan de la CNMA : une évolution de 31% sur un an de la marge d'assurance nette en 2016 (1,25 milliard de dinars). Présent à cette rencontre, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, a appelé les responsables de la CNMA à "redoubler" d'effort et à "intensifier" la sensibilisation et la vulgarisation autour de l'assurance agricole afin de répondre aux besoins du secteur. "Les défis qui nous attendent à court et à moyen termes sont énormes", dit-il. Et d'ajouter que "si nous voulons donner à ce secteur la place qui lui convient dans l'économie en tant que secteur créateur de richesses, nous devons fournir plus d'efforts". Le ministre a suggéré à la Caisse d'être "un espace ouvert" aux agriculteurs, aux éleveurs et aux pêcheurs et opérateurs économiques. Il faut travailler, poursuit-il, sur "l'amélioration" des prestations de service et la prise en charge des activités liées au "soutien", à "l'encadrement", à "l'accompagnement" et à "l'assurance" de la production agricole. Il a recommandé aux mutualités d'être au diapason des évolutions techniques et technologiques que connaît le secteur des assurances agricoles dans le monde, en introduisant "de nouveaux produits" d'assurances "innovants" et "adaptés" aux conditions climatiques que vit le pays, notamment les sécheresses récurrentes, ainsi que la mise en place d'une politique de veille et de prévention pour déterminer les risques. Par ailleurs, M. Bouazghi a soutenu que le secteur avait réalisé des avancées considérables depuis 2000 grâce aux moyens financiers et techniques qu'a offert l'Etat aux différents activités agricoles, mais beaucoup reste à faire notamment en matière de conditionnement, de valorisation de la production agricole et de la commercialisation. La valeur de la production agricole est passée de 500 milliards de dinars en 2000 à plus de 3 000 milliards de dinars actuellement, alors que le pays est devenu autosuffisant à 80% pour certains produits, notamment les maraîchers, d'après les chiffres avancés par le ministre. Néanmoins, notre objectif est, note-t-il, de sortir complètement de la dépendance du marché extérieur pour certains produits comme le lait et de faire de l'agriculture le secteur de substitution aux revenus pétroliers. Youcef Salami