Dans le conflit qui oppose les représentants des 37 fédérations sportives contestataires, ayant dénoncé des irrégularités pendant l'assemblée générale élective du Comité olympique et sportif algérien et le président élu, Mustapha Berraf, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El-Hadi, a publiquement choisi son camp. Lundi, au terme d'une réunion improvisée avec ces représentants, Ould Ali les a rassurés quant à leur démarche et leur "rejet catégorique des élections du 27 mai dernier". "Vos doléances seront transmises au gouvernement", leur a-t-il promis pendant une réunion de travail, tenue lundi après-midi, au siège de son département ministériel. Cet appui du MJS intervient au lendemain de la déclaration de Mustapha Berraf, qui a annoncé sa décision d'envoyer une lettre ouverte au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour dénoncer l'ingérence outrancière du ministère de la Jeunesse et des Sports dans le processus des élections du COA et surtout sa volonté de lui barrer la route en dépit de son plébiscite le 27 mai dernier par les membres de l'assemblée générale du COA. Une élection du reste validée par le Comité olympique international (CIO), qui, dans une lettre envoyée le 14 juin, avait débouté les représentants des 37 fédérations sportives. "Le CIO respecte pleinement les résultats des élections statutaires et le verdict des urnes", indique clairement le CIO. En d'autres termes, Ould Ali sollicite le soutien du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, pour régler un litige qui est en fait circonscrit à son seul département ministériel. En effet, c'est le rôle du MJS de dépasser ce genre de crise à travers l'instauration d'un débat qui n'exclut aucune partie. Or le MJS a certes ouvert la porte des discussions à l'opposition de Berraf, ce qui est tout à fait normal, mais il évite en même temps sciemment d'inviter aux discussions le bureau élu de Berraf dans une démarche clairement "exclusionniste". Ould Ali aurait dû privilégier la voie du dialogue et jouer le rôle d'intermédiaire dans ce conflit afin de faire respecter la légitimité au sein du COA au lieu d'exclure l'autre partie. Au train où vont les choses, l'attitude du MJS risque de compliquer davantage la situation et peut surtout susciter une intervention du CIO qui a déjà menacé l'Algérie de sanction. Il faut rappeler à ce titre que dans sa dernière lettre envoyée au COA, le CIO indiquait que l'Algérie avait des antécédents en matière d'ingérence des pouvoirs publics avant de terminer sa lettre par des menaces à peine voilées : "Nous en appelons donc aux autorités gouvernementales compétentes, à votre CNO et à l'ensemble des fédérations sportives nationales pour restaurer un climat de confiance et de respect mutuel du rôle et des compétences de chacun, et pour travailler ensemble et de manière constructive dans le seul intérêt du sport et des athlètes algériens. Ceci, conformément à la charte olympique et au document de référence que le CIO a établi à cet effet et a diffusé à tous les CNO en novembre dernier." Le CIO a tenu également à préciser que le soutien financier accordé aux fédérations ne doit pas constituer un prétexte pour l'ingérence des pouvoirs publics comme précisé dans la charte olympique. "Le soutien financier éventuellement alloué par les pouvoirs publics (dans le cadre de ses missions de service public) aux organisations sportives ne doit pas induire des obligations disproportionnées de la part des bénéficiaires. L'organisation sportive (CNO, fédération nationale, etc.) qui reçoit des fonds publics est tenue, naturellement et de manière légitime, de rendre des comptes sur l'utilisation de ces fonds spécifiques dans le cadre défini au préalable (ex : conventions ou contrats d'objectifs ou autres documents contractuels similaires) et conformément aux procédures applicables de contrôle et d'audit des fonds publics. Il s'agit là d'un principe de base de la bonne gouvernance. En revanche, le soutien des pouvoirs publics ne doit pas être utilisé de manière détournée pour justifier des ingérences ou des pressions indues au sein des organisations sportives ni pour se substituer à leurs organes décisionnels", souligne le CIO. SAMIR LAMARI