En ce mois sacré de Ramadhan, les bienfaiteurs et les âmes charitables n'ont pas abandonné le terrain, et ce en l'absence des pouvoirs publics qui jouent à la restriction des dépenses publiques. En effet, dans chaque centre urbain, des dizaines de personnes sans abri et des centaines de familles démunies et nécessiteuses sont prises en charge. À titre d'exemple dans la région de Draâ El-Mizan, un restaurant "Errahma" est ouvert pour servir des centaines de repas aux personnes indigentes ou de passage. Dès qu'on emprunte la RN30 qui traverse les localités des Ouadhias, Tizi n'Tletta, Mechtras, Boghni et Aïn Zaouia jusqu'à Tizi Ghenif en passant par Draâ El-Mizan, des banderoles "Restaurant Errahma" attirent l'attention. Des milliers de repas sont distribués quotidiennement dans des restaurants privés. "Grâce au concours du CFPA, nous avons pu ouvrir ce restaurant, d'autant plus que le CRA- comité local n'a pu le faire", dira le président du groupe scout de Boghni. Pour notre interlocuteur, pas moins de 200 repas sont servis quotidiennement. À Aïn Zaouia, c'est une association humanitaire récemment créée qui a décidé de venir en aide à cette frange de la société. "Nous recevons régulièrement des appels d'âmes charitables qui nous demandent la liste de nos besoins", nous répondra un autre responsable d'un restaurant "Errahma". Dans ce même ordre d'idées, il est à noter que de nombreux médecins privés participent à l'opération de circoncision collective lorsque les infrastructures sanitaires n'arrivent pas à satisfaire la forte demande émanant des APC. Par ailleurs, il ne faut pas omettre le grand élan de solidarité lancé au profit des veuves et des orphelins. Sur ce plan, on a su que l'association "Kafil El-Yatim" est sur tous les fronts. "Nous avons distribué plus de 500 colis alimentaires à cette frange de la société dans les 36 communes où nous avons des représentants. Nous avons lancé l'opération de circoncision et nous préparons déjà des trousseaux à offrir à ces enfants à l'occasion de l'Aïd el-fitr", nous dira Mourad Sekhi, président du bureau de wilaya de ladite association. En outre, les comités de village s'affairent déjà à préparer les sacrifices collectifs "timechrit" pour les uns ou "lawziaâ" pour les autres. Dans la quasi-totalité des villages, cette tradition renaît de ses cendres après qu'elle eut été délaissée durant les années de terrorisme. "C'est une tradition ancestrale qui prouve l'union des villageois et constitue un élan de solidarité agissante envers les familles nécessiteuses. Cette tradition à une signification très importante car à la veille de l'Aïd El-Fitr, on égorge des bêtes et tous les villageois prennent leurs parts alors que les nécessiteux ne paient aucun sou. Ce sont généralement les bienfaiteurs qui font don de ces bêtes, et c'est le comité qui se charge de l'opération", nous expliquera un villageois de Frikat. C'est dire que même si les pouvoirs publics ont reculé dans ce domaine, la solidarité ne s'estompera pas dans toutes les contrées de la Kabylie, et ce tant qu'il y aura des âmes charitables qui pérennisent cette valeur ancrée dans la société kabyle depuis la nuit des temps. O. Ghilès