Dans toute la région, les citoyens s'interrogent sur les circonstances de ce drame, malgré les conditions météorologiques peu favorables. La disparition du chalutier qui a sombré au large de la plage de Chaïbia, relevant de la daïra de Sidi-Lakhdar, continue d'alimenter les discussions et susciter les interrogations à Mostaganem d'où sont originaires les victimes. Au même moment, les recherches se poursuivent pour retrouver les corps des marins disparus. Selon le premier bilan fourni, quatre marins pêcheurs ont trouvé la mort, noyés, tandis que le raïs ainsi que son chef mécano auraient survécu à ce naufrage. La mer était très démontée durant la nuit de mardi à mercredi et la visibilité très réduite, quand six membres de l'équipage ont pris la mer, apparemment du port de Mostaganem et non de celui de Sidi-Lakhdar, comme cité précédemment. D'après le chef de zone du port de Sidi-Lakhdar, ce dernier est ensablé, rendant tout embarquement impossible. Liberté est allé à la rencontre des proches et collègues des marins-pêcheurs disparus afin de comprendre les circonstances de ce drame. Dès l'annonce de la nouvelle par les membres de l'équipage de l'un des chalutiers qui naviguait tout près de la zone du naufrage, de gros moyens ont été mobilisés par les gardes-côtes et les sapeurs-pompiers plongeurs jusque tard dans la nuit de mercredi dans l'espoir de retrouver d'éventuels survivants et localiser l'épave du chalutier qui a sombré en quelques minutes seulement. Les unités de la Protection civile dépêchés ont pu repêcher le corps d'un des marins. Il s'agit de L. H., âgé de 40 ans et père de famille, résidant dans la cité populaire El-Houria à Mostaganem. La dépouille a été déposée à la morgue de l'EPH de Mostaganem pour les besoins de l'autopsie avant qu'elle ne soit remise à ses proches (voir encadré). Un hélicoptère et d'autres moyens de secours de la Marine nationale en plus des semi-rigides de la Protection civile étaient de sortie dès les premières heures de mercredi dernier. Cependant, on s'interroge toujours sur les circonstances de ce drame malgré les conditions météorologiques peu favorables. L'équipage était très aguerri, puisque le capitaine, notamment, naviguait depuis de longues années et que le bateau était bien entretenu malgré son âge. À propos du chalutier, il existe une confusion de noms de bateau puisque le propriétaire d'"El Habib" en possède un autre sous le nom de "Omar Iliès", immatriculé sous le n°289 à Ghazaouet, tandis que le chalutier "El-Habib" est enregistré sous le code 498 dont le port d'attache est Boumerdès, et d'après des sources sûres, c'est "Omar Iliès" qui aurait coulé au large de l'embouchure de l'oued Chéliff. Pour le moment, ce que nous savons sur les circonstances de ce naufrage est que le navire a été victime d'une panne mécanique des moteurs de la pompe à eau d'évacuation de l'eau de mer. C'est ce qui ressort du témoignage de certains marins et autres membres des familles des victimes. Les services des gardes-côtes rattachés au port de Mostaganem ont confirmé l'information mais sans donner plus de détails. "Le naufrage a été rapide, il s'est produit en quelques minutes, et les embarcations qui se trouvaient dans la zone ont porté les premiers secours", a indiqué le chargé de communication à la direction de la Protection civile de Mostaganem, l'officier Belakred Mohammed. À Mostaganem, c'est avec impatience que tout le monde attend la localisation des trois autres corps, mais surtout les résultats de l'enquête déclenchée par les services de sécurité pour déterminer les causes de ce drame. Ils étaient courageux, forts et animés de bonne volonté, de sérieux et de discipline. Des collègues des disparus rencontrés jeudi nous ont déclaré : "Nous leur rendons un grand hommage et nous demandons à leurs proches et à leurs amis d'être armés de patience car on ne peut rien faire face au destin." Pour les proches des victimes, la consternation et la douleur sont immenses et se lisent sur le visage de chacun d'eux. Cependant, la douleur est mêlée à la colère sourde contre cette tragédie qui pose des interrogations. "Qui a permis et autorisé la sortie du chalutier "Omar Iliès" la nuit de mardi malgré les conditions exécrables ? Est-ce l'armateur du navire ? Ou bien les services de la marine du port ?", s'interrogent les proches, dévastés par le chagrin.