Les ministres des Affaires étrangères de pays européens et de pays africains d'origine et de transit réunis jeudi à Rome ont évoqué des pistes pour bloquer le flux des migrants au sud de la Libye. "Pour faire baisser le nombre de ceux qui arrivent chez nous, il faut faire baisser le nombre de ceux qui arrivent en Libye. Ne pas agir seulement au nord ou en mer, mais aussi à la frontière sud", a expliqué à la presse le ministre des Affaires étrangères, Angelino Alfano, à l'issue de la réunion. "Si les contrôles des frontières dans les pays de transit sont efficaces, alors les ‘billets' vendus par la plus grande agence de voyages criminelle de l'histoire perdront de leur valeur. Si les trafiquants n'arrivent plus à garantir l'arrivée effective en Europe, leur agence de voyages sera en faillite. Là est notre mission", a-t-il ajouté. Cette réunion, prévue de longue date, en présence de hauts responsables de l'ONU et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), se voulait le versant diplomatique de la réunion des ministres européens de l'Intérieur sur le même sujet à Tallinn, alors que l'Italie, qui a vu encore 85 000 migrants débarquer cette année, s'emporte contre un manque de solidarité européenne. Les ministres africains (Libye, Niger, Tunisie, Egypte, Tchad, Ethiopie, Soudan) et européens (Allemagne, Autriche, Espagne, France, Pays-Bas, Malte, Estonie) ont signé une déclaration commune "pour marier solidarité et sécurité, comme l'Italie a déjà réussi à le faire", a expliqué M. Alfano. La déclaration commune préconise des investissements en faveur des jeunes et des femmes dans les pays d'origine, un soutien aux contrôles dans les pays de transit ou encore une amélioration de la politique des retours, volontaires ou non. Les signataires se sont aussi engagés à aider le HCR et l'OIM à augmenter leur présence tout au long du parcours et à développer les campagnes de communication dans les pays d'origine sur les dangers du voyage. Avec les pays au sud de la Libye, "notre approche doit demeurer incitative (via des aides et des investissements). Nous ferons aussi preuve lorsque c'est nécessaire d'une grande fermeté, notamment en rappelant le lien entre les politiques de visa et les politiques de retour", avait déclaré en début de matinée le ministre français, Jean-Yves Le Drian. R. I./Agences