Abdeslam Bouchouareb, l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, a été désigné par Ahmed Ouyahia secrétaire national du RND, chargé des relations extérieures et de la communauté algérienne établie à l'étranger. C'est lors de la rencontre du conseil national du RND, tenue le week-end dernier, que l'ex-ministre a été nommé à ce poste. Cette nomination de Bouchouareb n'est sans doute pas innocente. Elle intervient à un moment où des rumeurs circulent, depuis plusieurs jours déjà, sur de probables poursuites contre Bouchouareb, consécutivement à sa gestion du portefeuille de l'Industrie durant plusieurs années. Certaines rumeurs évoquent même une interdiction de sortie du territoire national non formalisée contre le concerné. D'autres parlent d'une invitation "à ne pas bouger" adressée au protégé d'Ahmed Ouyahia. C'est en partant de toutes ces informations que sa désignation au poste de chargé des relations extérieures du RND laisse planer le doute sur les visées d'une telle nomination, surtout lorsque l'on sait qu'Ouyahia a brillé par ses tentatives de défendre l'ex-ministre après les déclarations du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, concernant les 70 milliards de dinars d'investissements sans résultats et celles de l'actuel ministre de l'Industrie, Mahdjoub Bedda, sur la gestion du dossier de l'industrie automobile, les deux cahiers des charges distincts avec lesquels Bouchouareb travaillait, entre autres. Pour répliquer à ces révélations qui avaient été abondamment commentées, le chef du RND s'était essayé à une diversion en incluant dans ce chiffre les milliards injectés dans le complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Une manière pour lui de minimiser l'impact du désastre de la gestion de Bouchouareb, mais aussi d'impliquer tout le gouvernement dans ce qui s'apparente à une dilapidation de l'argent public. Le même Ouyahia avait tenté de défendre son poulain lorsque ce même Bouchouareb accusait des investisseurs de faire de la politique, alors que lui-même était à la fois ministre et patron de plusieurs sociétés. À l'époque, Ouyahia avait déclaré que son ministre de l'Industrie était investisseur avant d'être ministre. En résumé, Ouyahia défendait ainsi "le droit" de Bouchouareb de jumeler la politique et les affaires, mais l'interdisait pour d'autres. Un chargé des relations extérieures et de la communauté nationale à l'étranger au sein d'une formation politique suppose, forcément, des voyages et des déplacements à l'étranger. Par ce message, le chef du RND voulait-il infirmer toutes les rumeurs distillées sur l'homme qui a été cité dans le scandale des Panama papers ? Rien ne peut confirmer ou infirmer le propos, sauf que le choix du chef du RND, et néanmoins directeur de cabinet de la présidence de la République, n'est pas fortuit, lui qui a fait de la défense de Bouchouareb son sacerdoce. Mohamed Mouloudj