"Derrière ce flux massif de migrants, il y a des réseaux très organisés qui entretiennent et qui facilitent ce genre de trafic", a répété Abdelkader Messahel. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a défendu, hier, le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, au lendemain de ses déclarations sur les migrants subsahariens qu'il considère comme "une source de crime, de drogue et de plusieurs autres fléaux". Pour M. Messahel, qui a tenté d'apporter des précisions, il y a bel et bien un lien entre l'immigration massive des subsahariens et les réseaux de trafic de migrants, de drogue, mais aussi avec le narco-terrorisme. "L'Algérie est devenue un pays de destination des migrants. Il est évident que l'Algérie, à l'instar des autres pays, prend des mesures pour gérer ce phénomène", a-t-il affirmé en marge de l'atelier international dédié au "rôle de la réconciliation nationale dans la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent", organisé hier et aujourd'hui au Palais des Nations, au Club-des-Pins. "Le gouvernement est en train de prendre ces mesures, devenues urgentes", a affirmé M. Messahel. Car, "il s'agit de la sécurité nationale de l'Algérie", a-t-il souligné. "Et lorsqu'il s'agit de sécurité nationale, nous n'avons de leçons à recevoir de personne, ni des ONG nationales ni des partis politiques. Leurs déclarations n'engagent qu'eux", a-t-il ajouté, en référence aux réactions d'Amnesty International, du Parti des travailleurs et du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), dénonçant les propos de M. Ouyahia. M. Messahel a rejeté en bloc les accusations de racisme et de xénophobie portées sur un haut responsable de l'Etat. "Les Algériens sont connus pour leur hospitalité, leur sens de la fraternité, mais ils sont aussi jaloux de leur sécurité et de la sécurité de leur pays", a-t-il expliqué. "Donc, notre obligation en tant qu'Etat est de préserver la souveraineté nationale et la sécurité de notre pays", a réaffirmé M. Messahel, ajoutant avec insistance qu'il s'agit, en premier lieu, d'un problème de "sécurité nationale", parce que "derrière ce flux massif de migrants, il y a des réseaux très organisés, qui entretiennent et qui facilitent ce genre de trafic. Donc, nous, en tant que gouvernement bien sûr, nous luttons contre tout ce qui est immigration illégale, car derrière ce flux massif, il y a le crime organisé". Selon un récent rapport de l'Onu, cité par le ministre, le crime organisé dans le Sahel génère plus de 800 millions de dollars par an. La filière de l'immigration clandestine, qui passe par la Libye vers l'Europe, engrange à elle seule l'équivalent de 400 millions de dollars par an, selon un autre rapport des organisations internationales non gouvernementales et onusiennes. L'Algérie continuera donc sa lutte contre ce trafic, a rappelé M. Messahel. "Nous avons le droit. Nous l'avons fait, nous le faisons et le ferons, avec la collaboration de nos pays voisins", a-t-il dit, précisant que "l'Algérie a signé un accord sur le rapatriement des migrants avec le Niger et elle est en négociations avec les pays pourvoyeurs de migrants clandestins pour des accords standards". Interrogé sur les raisons de ce flux massif des migrants en Algérie, le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que le renforcement des contrôles frontaliers entre le Niger et la Libye (devenu pays de transit), ainsi que les restrictions imposées par l'Union européenne en Méditerranée et en matière d'entrée en Europe des étrangers ont orienté les migrants clandestins vers notre pays. Pour rappel, Ahmed Ouyahia a tenu des propos qui ont choqué plus d'un lors d'une réunion du bureau national du RND. Lyès Menacer